Vendredi 24 août 2007 à 10:08
Monsieur Brume, en dépit de son nom, se fiait à l'acuité de son regard. A tort ou à raison, c'est ce que nous verrons par la suite. Il avait la certitude d'une réalité – appelez cela un monde, Le Monde, si vous voulez – qui s'étendait sous ses yeux et comme il avait acquis pour pas cher ce qu'on appelle la permanence de l'objet, il savait qu'en tournant sur place il découvrirait la continuité circulaire et enveloppante de cette réalité, Le Monde si vous voulez.
Il savait, mais avec un peu moins de certitude, s'appeler Brume, nom propre, substitut de lui-même, qu'il ne s'était pas choisi, qui lui était antérieur. Ce nom l'attendait en quelque sorte avant même qu'il vînt au monde.
Il avait également de bonnes raisons de penser qu'il ressemblait aux gens qui peuplaient la réalité. En effet, souvent, il avait médité devant des miroirs ou contemplé quelques photographies censées le représenter. Pourtant, il ne s'était jamais vu lui-même directement : seulement sous la forme d'un autre, comme un autre. Et comme Monsieur Brume savait s'étonner d'un rien, il s'était fait la remarque que dans le grandiose spectacle du monde, c'est le spectateur lui-même qui constitue le plus grand mystère.
Aussi Monsieur Brume, prudent, se gardait-il de se prendre pour Monsieur Brume.
Mercredi 22 août 2007 à 17:41
« Tu as tout ce qu'il faut pour être heureux ! »
C'est ce que Barnabé entendait toute la journée. Et ça lui faisait une belle jambe, parce qu'au fond du fond, le bonheur, il n'avait pas vraiment l'impression de l'avoir rencontré.
S'il voulait être tranquille, il pouvait être tranquille, mais ce n'était pas ça le bonheur; s'il avait faim, il pouvait manger, mais ce n'était pas vraiment non plus le bonheur ; s'il avait sommeil, il pouvait dormir; s'il avait froid, il pouvait pousser le chauffage : le bonheur, ça ? Vous plaisantez ! Il avait même la télé, même internet, même une santé plutôt bonne. Mais tout de même, le bonheur c'était forcément encore autre chose, ou alors…
Et comme cela ne venait pas tout seul, il décida d'organiser, à son intention, une petite séance de bonheur. Il se planta devant son miroir, se souhaita bien poliment le bonjour, et se demanda le plus gentiment possible : « Alors, Barnabé, qu'est-ce qui te ferait vraiment plaisir aujourd'hui ? » Peine perdue! Le Barnabé du miroir ne voulait pas jouer, il ne répondait rien. Le bonheur, c'est comme s'il s'en foutait. Et même, dans son regard, dans cette moue un peu dégoûtée, on décelait aisément… de l'ironie ? Non, du mépris.
C'est ce que Barnabé entendait toute la journée. Et ça lui faisait une belle jambe, parce qu'au fond du fond, le bonheur, il n'avait pas vraiment l'impression de l'avoir rencontré.
S'il voulait être tranquille, il pouvait être tranquille, mais ce n'était pas ça le bonheur; s'il avait faim, il pouvait manger, mais ce n'était pas vraiment non plus le bonheur ; s'il avait sommeil, il pouvait dormir; s'il avait froid, il pouvait pousser le chauffage : le bonheur, ça ? Vous plaisantez ! Il avait même la télé, même internet, même une santé plutôt bonne. Mais tout de même, le bonheur c'était forcément encore autre chose, ou alors…
Et comme cela ne venait pas tout seul, il décida d'organiser, à son intention, une petite séance de bonheur. Il se planta devant son miroir, se souhaita bien poliment le bonjour, et se demanda le plus gentiment possible : « Alors, Barnabé, qu'est-ce qui te ferait vraiment plaisir aujourd'hui ? » Peine perdue! Le Barnabé du miroir ne voulait pas jouer, il ne répondait rien. Le bonheur, c'est comme s'il s'en foutait. Et même, dans son regard, dans cette moue un peu dégoûtée, on décelait aisément… de l'ironie ? Non, du mépris.
Dimanche 19 août 2007 à 19:14
Fin des vacances...
La S.P.C.B., Société protectrice des Cowblogs, vient de m'envoyer une mise en garde plutôt sévère.
Depuis plus de trente jours Que-vent-emporte serait livré à lui-même, sans la moindre surveillance ! C'est mal et si cela doit durer, couic ! ce sera l'euthanasie. Rien que ça !
Pourtant, mon babillard de bientôt une année d'âge me paraissait suffisamment mûr pour se passer de moi quelques semaines…
Chers amis de la S.P.C.B., essayez de me comprendre ! Je suis un citadin, je vis hors sol près de onze mois par an, entre béton et ciel grisâtre ; mais cela ne me convient guère et si je ne retrouve pas de temps en temps la terre grasse où le pied s'enfonce, le soleil qui tape, la pluie qui mouille, le brouillard qui bouche l'horizon, le balancement de la faux à travers l'herbe haute, le parfum du foin qui sèche, le bruit des mouches, la morsure des taons et le spectacle des chevaux, je m'étiole comme une plante verte condamnée à végéter sous les néons d'un bureau sinistre. Je suis un citadin qui a besoin d'air, un citadin un peu loupé. Désolé !
Et comme la campagne qui me ravit, l'air un peu trop frais qui me fait respirer, ma montagne souriante (et humide) ne connaissent point l'internet, un choix (pas si douloureux que ça) s'imposait.
Mais je reviens, je reviens, Mesdames et Messieurs de la S.P.C.B. Ne vous faites pas de souci. Je reviens avec ma cacophonie de voix discordantes, avec Barnabé, tous les autres, et quelques nouvelles recrues peut-être.
La S.P.C.B., Société protectrice des Cowblogs, vient de m'envoyer une mise en garde plutôt sévère.
Depuis plus de trente jours Que-vent-emporte serait livré à lui-même, sans la moindre surveillance ! C'est mal et si cela doit durer, couic ! ce sera l'euthanasie. Rien que ça !
Pourtant, mon babillard de bientôt une année d'âge me paraissait suffisamment mûr pour se passer de moi quelques semaines…
Chers amis de la S.P.C.B., essayez de me comprendre ! Je suis un citadin, je vis hors sol près de onze mois par an, entre béton et ciel grisâtre ; mais cela ne me convient guère et si je ne retrouve pas de temps en temps la terre grasse où le pied s'enfonce, le soleil qui tape, la pluie qui mouille, le brouillard qui bouche l'horizon, le balancement de la faux à travers l'herbe haute, le parfum du foin qui sèche, le bruit des mouches, la morsure des taons et le spectacle des chevaux, je m'étiole comme une plante verte condamnée à végéter sous les néons d'un bureau sinistre. Je suis un citadin qui a besoin d'air, un citadin un peu loupé. Désolé !
Et comme la campagne qui me ravit, l'air un peu trop frais qui me fait respirer, ma montagne souriante (et humide) ne connaissent point l'internet, un choix (pas si douloureux que ça) s'imposait.
Mais je reviens, je reviens, Mesdames et Messieurs de la S.P.C.B. Ne vous faites pas de souci. Je reviens avec ma cacophonie de voix discordantes, avec Barnabé, tous les autres, et quelques nouvelles recrues peut-être.
Samedi 14 juillet 2007 à 12:36
Qu'elle est lourde la fatigue des retours !
Il faudrait un peu de texte, que je vous paie de mots, que je vous raconte, mais quoi ? Alors j'enlumine un peu le vide de ce blog de quelques photos, encore, sans légendes, sans paroles.
Il faudrait un peu de texte, que je vous paie de mots, que je vous raconte, mais quoi ? Alors j'enlumine un peu le vide de ce blog de quelques photos, encore, sans légendes, sans paroles.