Dimanche 10 juin 2007 à 23:47
Dans une arrière-cour où je m'étais égaré j'ai vu s'ouvrir une porte par hasard et j'ai su que c'était celle du paradis. Je ne suis pas entré, mais j'ai eu le temps de voir : c'était beaucoup plus que le paradis des images. La beauté pure, la vérité vraie, la lumière belle où tout se mélange.
Je ne savais pas que c'était si près, le paradis, et qu'il était si facile d'y accéder. La découverte était dérangeante. Agaçante plutôt. Le paradis n'est pas de ces choses auxquelles il est bon de croire. Je le pensais alors … et je le pense toujours.
Et voilà que le Paradis m'est apparu, sans que j'aie rien demandé.
Et je n'y suis pas entré. Je n'ai pas saisi cette occasion, parce je l'aime, cette bonne vieille Terre qui pue, parce que je les aime, mes semblables qui me tapent par ailleurs tellement sur les nerfs, parce que je n'ai pas encore terminé ma route et qu'une existence laborieuse où tout est à conquérir, où l'épreuve rend plus fort, plus grand, plus humain, vaut mille fois mieux à mes yeux que la dissolution définitive dans un grand bain de perfection et de félicité.
A vrai dire, je ne l'avais pas trouvée tout seul cette porte dérobée. Mes doutes, mes errances coupables m'avaient traîné de ruelle en ruelle jusqu'au fond de cette cette arrière-cour.
Je songeais à m'en retourner, quand la porte s'est ouverte. Une jeune fille a franchi le seuil, m'a aperçu, m'a tenu la porte, juste un instant, pensant que je voulais entrer, puis l'a refermée tout doucement. Elle m'a souri sans me parler, elle est arrivée jusqu'à moi. Que dire de cette jeune fille, sinon qu'elle me paraissait simple et lumineuse comme une couleur sans mélange ? Une belle tache gaie dans la grise purée de la vie.
Elle me regardait, mais je ne savais pas ce que vraiment elle voyait de moi, tant son regard me semblait transparent. Et puis, que pouvait-elle distinguer dans le fatras de mon âme ?
- Qui êtes-vous ? lui ai-je demandé.
- Pourquoi cette question ? Si je le savais… Je fais le va-et-vient. Je suppose que je suis un ange et croyez-moi ce n'est pas facile. Un temps ici-bas, un temps au-delà. Ici comme une petite lumière, là-bas comme une ombre. Un ange, rien de plus, sans pouvoir, plus léger qu'un sourire… Mais vous, que faites-vous ici, égaré à la frontière du temps et de l'éternité ? Votre heure n'est pas venue et de toute manière l'entrée principale n'est pas ici. Réfléchissez bien, ne commettez pas d'erreur.
- Quelle erreur ?
- C'est à vous de le savoir.
Elle s'est éloignée, fraîche et légère comme un souffle de printemps.
Alors je l'ai suivie. Pour elle. Seulement pour elle.
Samedi 9 juin 2007 à 21:52
Pendant quelques jours, je n'ai plus eu le temps. J'ai suspendu l'écriture de mes textes, j'ai déserté cow. Je pensais que ce serait sans conséquence, que l'urgence passée tout redeviendrait normal. Erreur. La blogosphère n'est pas un calme paysage mais un courant qui nous emporte et dont nous ne mesurons pas la puissance tant que nous barbotons au milieu du fleuve.
J'ai donc perdu le fil. Celui de mes articles, des commentaires, de tous ces fragments de vie qui avaient fini par se mêler à la mienne.
Cela me rappelle encore un rêve d'enfance, cauchemar modéré : le train s'est arrêté. On vous appelle sur le quai. Vous descendez, laissant vos compagnons de voyage. Celui qui vous appelait commence un long discours. Et le train démarre. L'autre vous retient et vous dit : « Ne te fais pas de souci, il part si lentement… » Effectivement, il n'en finit pas de partir… Mais après quelques secondes, le wagon dans lequel vous vouliez remonter a entièrement défilé sous vos yeux, puis le suivant, puis un autre, toujours plus vite, et finalement, vous restez sur le quai, seul, abandonné aussi de celui qui tenait tellement à ce que vous restiez.
Il me faudra bien quelques jours pour retrouver ma place dans le convoi, revenir chez ceux que j'apprécie, lire les articles accumulés, renouer le fil des commentaires, m'inscrire à nouveau dans le courant avec vous. J'essaie de me rassurer en me disant que cela finira bien par arriver.
Cela me fait d'ailleurs penser que bientôt d'autres interruptions auront lieu, bien plus longues, jusqu'à la rentrée d'août… Nous verrons bien.