Jeudi 26 avril 2007 à 18:37
Aujourd'hui :
run.a.mileLa route est longue…
« J'ai envie d'aligner des mots… comme ça, juste pour le fun. »
« Aller-retour… retour vacances, aller Banlieue grise… Au revoir souvenirs, fêtes et sourires. Je viens tout juste de rentrer… Aller Beaubourg - Retour Banlieue grise… »
« Disons que je rêve c'est peut-être tout simplement ça la liberté, non ? »
« Ouais blasée quoi ! C'est le bon mot… y'a pas à dire. Ni mélancolique, ni énervée, que sais-je encore… juste blasée, dans le flou, parce qu'il faut vivre pour exister. »
« Je me relis… et je me demande : « Qu'est-ce que cela veut bien dire ? ». Des phrases inextricables, des enchevêtrements de pensée. Quand j' « écris », vraiment, je ne suis pas Moi. Je suis Autre, cet être qui habite mon Antre… ou plutôt ce ventre qui abrite mon Être. »
« Une fille bien capricieuse. Je suis femme et je suis faible, je suis faible et je suis flemme. »
« J'ai un avenir à construire avec mes toutes petites mains. J'ai envie de bouffer de l'horizon. Mais ces envies ne collent pas avec mon présent. Pourquoi toujours penser à demain, à Nous, aux autres, à des choses qu'on n'a pas le temps de faire, à des promesses qu'on ne tiendra pas?»
C'est ici.
Mercredi 25 avril 2007 à 22:08
Certaines choses nous semblent incompréhensibles et inacceptables. Pour autant, faut-il les ignorer ?
Il existe toujours un point de vue à partir duquel les idées ou les comportements les plus insensés acquièrent une cohérences. Cela n'implique pas que nous les acceptions ; tenter de comprendre n'est pas approuver, c'est simplement reconnaître un fait. Si l'on veut faire autre chose que de verser des larmes de crocodile, il faut commencer par là.
En se regardant dans le miroir, elle acquit la conviction que ce corps debout devant elle n'était pas le sien, le vrai, celui auquel elle avait droit, celui qu'elle pensait avoir.
Celui-là, on le lui avait volé. A la place, il ne restait que… ça.
C'est une horreur que de se réveiller un beau jour dans la peau d'une autre. Pendant quelque temps, elle avait eu des doutes, elle avait soupçonné quelque chose, et puis, un beau jour, la révélation : ce n'est pas moi. Impossible !
Elle était incapable de savoir quand la substitution avait eu lieu.
Elle nourrissait une sourde haine contre l'intruse : ses poils, son odeur, l'épaisseur de ses traits, ces formes. Tout ce chaos qui avait pris possession d'elle, qui avait déformé ses traits, produit cette caricature.
Elle ne pouvait pas dire « mon nez » mais « ce nez », « mes cheveux », mais « ces cheveux ».
Impossible !
Il fallait châtier l'envahisseuse ! Empêcher ce corps de prendre du volume, de proliférer comme une tumeur : le priver d'aliments, le forcer à régresser, l'étouffer, l'anéantir. Pour retrouver ses traits véritables dans cet amas monstrueux. Peut-être. Pour renouer avec son image. Peut-être. Pour cela, étrangler, creuser, élaguer, couper, vider.
En agressant ce corps, ce n'est pas elle qu'elle visait, pas folle à ce point, mais l'intruse…
La lutte était engagée, une lutte à mort. Et parfois, ce corps, cette bouche avide, cet estomac qui prenait le dessus ; aussitôt il fallait chasser le trop-plein, vider l'abcès, se décharger de tout ce pus.
On lui avait dit qu'elle grandirait. Oui, d'accord, elle devait grandir mais pas se trouver ainsi, séquestrée par une autre !
Elle s'accrochait désespérément à ses rêves de princesse et d'ange émerveillé.
Elle rêvait d'être une image, rien qu'une image, ou une âme en quête d'âmes semblables. Elle voulait être vraie, pure. Pas ça ! Surtout pas ça !
On lui disait : tu devrais manger. Pourquoi fais-tu cela ? Pourquoi ? Pourquoi ? Ils ne comprenaient pas que ce n'était pas à elle qu'elle s'en prenait, mais à l'autre, celle qui avait mis sa bouche à la place de la sienne, son ventre monstrueux à la place du sien. Ce parasite qui l'avait envahie et qui serrait sa gorge. Ce parasite insatiable, toujours affamé. Ce bébé grotesque et tyrannique. Elle devait se sauver à tout prix.
Ils n'avaient rien compris, les autres. Ils lui disaient : « Tu es très jolie ». Et ils s'imaginaient lui faire plaisir, lui témoigner de l'amitié, et même de l'amour ; en vérité ils la tuaient. Car ils avaient pris le parti de l'autre, et, elle-même, il ne voulaient la voir qu'à travers l'autre. On ne peut pousser plus loin la trahison. Ce corps étranger devenait une prison dans laquelle elle était en train de disparaître, comme on s'enlise dans un marais putride.
Pauvre amoureux de moi :
Il veut prendre ma main, mais ce n'est pas ma main.
Il veut m'embrasser, mais ce n'est pas ma bouche.
Il croit me parler, mais je vois bien que c'est à l'autre qu'il parle. Non, si tu veux me trouver, oublie ce corps. Tu ne comprends pas ? Evidemment, tu ne peux pas comprendre, tu ne sais pas qui je suis, tu ne me connaîtras jamais. Adieu, amoureux d'une autre…
Quelque chose s'était passé et la vie avait déraillé. Comment faire quand on n'a plus de corps où vivre ? Voyez les SDF, dans la rue. Vous ne vous dites pas de temps en temps que ce ne serait tout de même pas difficile de trouver un abri quelque part ? Et pourtant ils sont là. Hors d'atteinte, exclus de toute solution.
On l'avait dépouillée de son corps, elle se noyait dans le corps d'une autre, seule à le savoir. Personne ne voulait comprendre.
Elle savait même que son histoire n'était pas crédible, elle avait perdu les signes de reconnaissance qui la faisaient exister aux yeux des autres, elle ne pouvait plus parler qu'à elle-même, à condition de fermer les yeux, de ne plus voir cette image dans le miroir…
Vous, les gens, jusqu'à quand continuerez-vous à ne voir des vivants que leur corps ? Certains corps disent vrai, mais il en est d'autres qui savent si bien mentir… Ils ne sont là que pour servir de tombeau à ceux qui, un beau jour, s'y sont retrouvés, captifs.
Il existe toujours un point de vue à partir duquel les idées ou les comportements les plus insensés acquièrent une cohérences. Cela n'implique pas que nous les acceptions ; tenter de comprendre n'est pas approuver, c'est simplement reconnaître un fait. Si l'on veut faire autre chose que de verser des larmes de crocodile, il faut commencer par là.
En se regardant dans le miroir, elle acquit la conviction que ce corps debout devant elle n'était pas le sien, le vrai, celui auquel elle avait droit, celui qu'elle pensait avoir.
Celui-là, on le lui avait volé. A la place, il ne restait que… ça.
C'est une horreur que de se réveiller un beau jour dans la peau d'une autre. Pendant quelque temps, elle avait eu des doutes, elle avait soupçonné quelque chose, et puis, un beau jour, la révélation : ce n'est pas moi. Impossible !
Elle était incapable de savoir quand la substitution avait eu lieu.
Elle nourrissait une sourde haine contre l'intruse : ses poils, son odeur, l'épaisseur de ses traits, ces formes. Tout ce chaos qui avait pris possession d'elle, qui avait déformé ses traits, produit cette caricature.
Elle ne pouvait pas dire « mon nez » mais « ce nez », « mes cheveux », mais « ces cheveux ».
Impossible !
Il fallait châtier l'envahisseuse ! Empêcher ce corps de prendre du volume, de proliférer comme une tumeur : le priver d'aliments, le forcer à régresser, l'étouffer, l'anéantir. Pour retrouver ses traits véritables dans cet amas monstrueux. Peut-être. Pour renouer avec son image. Peut-être. Pour cela, étrangler, creuser, élaguer, couper, vider.
En agressant ce corps, ce n'est pas elle qu'elle visait, pas folle à ce point, mais l'intruse…
La lutte était engagée, une lutte à mort. Et parfois, ce corps, cette bouche avide, cet estomac qui prenait le dessus ; aussitôt il fallait chasser le trop-plein, vider l'abcès, se décharger de tout ce pus.
On lui avait dit qu'elle grandirait. Oui, d'accord, elle devait grandir mais pas se trouver ainsi, séquestrée par une autre !
Elle s'accrochait désespérément à ses rêves de princesse et d'ange émerveillé.
Elle rêvait d'être une image, rien qu'une image, ou une âme en quête d'âmes semblables. Elle voulait être vraie, pure. Pas ça ! Surtout pas ça !
On lui disait : tu devrais manger. Pourquoi fais-tu cela ? Pourquoi ? Pourquoi ? Ils ne comprenaient pas que ce n'était pas à elle qu'elle s'en prenait, mais à l'autre, celle qui avait mis sa bouche à la place de la sienne, son ventre monstrueux à la place du sien. Ce parasite qui l'avait envahie et qui serrait sa gorge. Ce parasite insatiable, toujours affamé. Ce bébé grotesque et tyrannique. Elle devait se sauver à tout prix.
Ils n'avaient rien compris, les autres. Ils lui disaient : « Tu es très jolie ». Et ils s'imaginaient lui faire plaisir, lui témoigner de l'amitié, et même de l'amour ; en vérité ils la tuaient. Car ils avaient pris le parti de l'autre, et, elle-même, il ne voulaient la voir qu'à travers l'autre. On ne peut pousser plus loin la trahison. Ce corps étranger devenait une prison dans laquelle elle était en train de disparaître, comme on s'enlise dans un marais putride.
Pauvre amoureux de moi :
Il veut prendre ma main, mais ce n'est pas ma main.
Il veut m'embrasser, mais ce n'est pas ma bouche.
Il croit me parler, mais je vois bien que c'est à l'autre qu'il parle. Non, si tu veux me trouver, oublie ce corps. Tu ne comprends pas ? Evidemment, tu ne peux pas comprendre, tu ne sais pas qui je suis, tu ne me connaîtras jamais. Adieu, amoureux d'une autre…
Quelque chose s'était passé et la vie avait déraillé. Comment faire quand on n'a plus de corps où vivre ? Voyez les SDF, dans la rue. Vous ne vous dites pas de temps en temps que ce ne serait tout de même pas difficile de trouver un abri quelque part ? Et pourtant ils sont là. Hors d'atteinte, exclus de toute solution.
On l'avait dépouillée de son corps, elle se noyait dans le corps d'une autre, seule à le savoir. Personne ne voulait comprendre.
Elle savait même que son histoire n'était pas crédible, elle avait perdu les signes de reconnaissance qui la faisaient exister aux yeux des autres, elle ne pouvait plus parler qu'à elle-même, à condition de fermer les yeux, de ne plus voir cette image dans le miroir…
Vous, les gens, jusqu'à quand continuerez-vous à ne voir des vivants que leur corps ? Certains corps disent vrai, mais il en est d'autres qui savent si bien mentir… Ils ne sont là que pour servir de tombeau à ceux qui, un beau jour, s'y sont retrouvés, captifs.