Samedi 22 novembre 2008 à 19:06


Hier soir, j’ai fait deux stupéfiantes découvertes.
La première, que le catalogue des blogs était enfin consultable (bien conçu, intéressant). La seconde, que ce catalogue de 123 pages, si l’on prend l’option « 90 blogs par page » compte, tenez-vous bien, 11070 blogs.

Mais alors, qu’est-ce qu’il racontait ce benêt de Que-vent-emporte, avec ses statistiques foireuses ? Vous vous souvenez ? Chaque mois il prétendait que le nombre des blogs diminuait, que Cowblog se dépeuplait. Eh bien non ! C’était tout faux. Nous sommes officiellement 11070 !

Vive la version 3 !

J'étais prêt à déboucher une bouteille de derrière les fagots pour fêter l'événement, quand une personne que je connais et qui a beaucoup cowblogué m'a fait part d’une nouvelle étonnante et un brin inquiétante.
Son blog longtemps chouchouté, puis un peu délaissé et enfin trucidé d’un clic prétendument définitif, ce blog expédié depuis des mois dans la poubelle 404, il est là, revenu, avec ses articles, ses commentaires et tout et tout.

A partir de là, je tremble : l’invasion des zomblogs a commencé !

Vendredi 21 novembre 2008 à 17:27


Parmi les nouveautés importante de la v3, j’apprécie la fin des illusions à propos du nombre des visites quotidiennes.
En effet, depuis la grande migration, ce blog ne compte guère plus d’une dizaine de visiteurs par jour, souvent moins, et c'est très bien. A cette échelle, un visiteur n'est en aucun cas une unité statistique, mais une personne et, probablement, neuf fois sur dix, une personne connue et reconnue, donc un(e) ami(e).
Fini le fantasme de l’ouverture à l’univers entier, l’illusion d’avoir un public ! Les vanités journalistique ou littéraire n’ont plus cours. C’est à des proches que je m’adresse, à vous, donc, puisqu’on ne parle pas à ses proches en disant « ils ».
J’en tire les conséquences : insister beaucoup plus sur l’échange, rendre plus explicites mes préoccupations et mes espérances, resserrer le propos sur l’essentiel.

L’essentiel, pour moi, c’est d’abord ceci :
Personne ne choisit de venir au monde. On est là, ça ne se discute pas, et quand on atteint l’âge d’en prendre conscience, on constate, c’est tout. On peut rester indéfiniment dans cet état d’esprit et subir la vie parce que tout le monde le fait, parce ça passe pour une obligation, mais on peut aussi faire autrement, tout reprendre à zéro et ne pas faire un pas de plus avant d’avoir clairement choisi : j’accepte ou je refuse. A partir de là, si je suis encore vivant, c’est bien que la vie bien que la vie est devenue un choix, libre et assumé.
L'humanité se laisse donc diviser en deux groupes bien distincts : ceux qui subissent la vie et ceux qui l’assument pleinement parce qu’ils en ont fait le choix. Ou trois groupes peut-être, si l’on tient compte de tous ceux qui, sans avoir encore vraiment choisi, expriment déjà clairement leur refus de subir.
Cela dit, un choix aussi radical dépend d’une condition préalable : on ne peut opter pour la vie sans s’être accordé de solides raisons d’être et de durer.
Où trouve-t-on cela ?
Je ne pense pas que les raisons de vivre nous attendent, toute faite, prête à l’usage, dans le monde tel est. C’est en soi-même qu’il faut les chercher et de manière assez paradoxale.
En effet, c’est quand nous devenons capable d’exiger plus de la vie que ce qu’elle peut nous offrir, de formuler une attente dépassant ce qui peut être obtenu, c’est quand nous accordons plus d’importance à cette attente qu’aux moyens que la vie nous offre pour y satisfaire, que nous commençons à comprendre à quoi peut ressembler une raison d’être. Et c'est toujours et forcément une raison de lutter.

Il m’arrive de percevoir des éclats de beauté extraordinaires dans le monde qui m’environne, mais je les entrevois seulement et souvent après coup, sur une photo que j’ai prise. En même temps, je vois que cette beauté est fragile et menacée. C’est toujours d’un océan de laideur qu’on doit l’extraire. En plus, les gens, le plus souvent, ne l’aperçoivent même pas, sous leurs yeux. N’empêche, ça donne envie de se battre pour elle. Voilà ce que j’appelle une raison d’être.

Il m’arrive d’avoir une intuition, une idée qui se forme alors que je ne la soupçonnais pas, qui me paraît vraie. Et aussitôt je me rend compte que toutes les idées vraies, toutes les pensées lucides, il faut les extraire d’une montagne de bêtise. Les discours humains sont comme les rivières et les fleuves : ils suivent la pente de la facilité, de la lâcheté, de la compromission. Cela me donne envie de me battre contre la bêtise et pour l’intelligence, démonter les supercheries, signaler les pièges et les désamorcer. Voilà une autre raison d’être.

Il m’arrive de croiser un regard humain, mais qu’il me semble rare et incertain parmi tous ces visages morts, qui n’expriment plus que le dégoût, la peur, la conscience de l’échec ! Et là, serais-je à la limite de l’épuisement, je me dis que je ne peux pas être comme cela, ni donner à voir aux autres une telle apparence. Partout, toujours, je dois rester vivant, soutenir ceux qui vivent encore et dire partout à qui voudra bien l’entendre : ne laissez pas filer votre humanité ! Encore une raison d’être.

Il m’arrive d’être profondément ému par quelques sons, par quelques mots, par quelques images venant souvent de très loin, qui n’ont pas été pensés pour moi et qui ne correspondent plus à notre époque. Des mots de poètes, de philosophes, d’écrivains, de subtils édifices sonores, des tableaux, des sculptures souvent mutilées. Mais ces fragments, c’est comme s’il fallait les récupérer au milieu des poubelles, ou dans les caniveaux, délaissés qu’ils sont par les écoles, ou négligés par tous ceux qui ne parviennent plus à en concevoir l’usage. Cela me donne envie de les donner à voir et d’en parler. Ô combien ! Ce n’est pas la moindre de mes raisons d’être.

Au fond, j’en conviens, toutes ces raisons d’être que je reconnais pour miennes définissent un personnage un peu pathétique : témoin marginal de ce qu’on parvient plus à voir, dépositaire pittoresque d’un héritage dont plus personne ne se soucie. Qu’importe !

Et puis, par bonheur, il y a mille autres façons de se construire, plus héroïques, plus exaltantes, plus évidemment altruistes. A chacun de trouver la sienne !


Vendredi 14 novembre 2008 à 0:46

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Vendredi 14 novembre 2008 à 0:37



Le temps passe, jusqu’au jour où l’on se sent comme au bord d’un gouffre. On se demande alors pourquoi on a tellement couru, en se posant si peu de questions.
Un homme, qui en était justement arrivé là, se tourna vers M. Brume et lui demanda tout de go :
« Vous sauriez me dire, vous, ce qui compte vraiment ? »
Brume réfléchit un moment puis hasarda une réponse :
«Le sens.
«Et d'abord l’attention portée à la beauté du monde, qui niche dans notre amour de la vie bien plus que dans le monde lui-même. Ainsi, un arbre fragile entre deux murs de béton gris, un visage humain, le ciel changeant, l’obscurité glaciale d’une nuit d’hiver, tout cela peut être magnifique. Voilà pour le présent.
« Ensuite, le souci de ne jamais se laisser abuser par l’évidence des institutions, la puissance de la technique, les impératifs de l’économie, le grand spectacle que le système se donne à lui-même. Tout cela n’est qu’habillage et seule compte la vie des hommes, acteurs d’une très courte aventure personnelle au coeur d’une histoire collective qui les dépasse prodigieusement. Libres de vivre notre vie, de chercher notre bonheur à notre guise, mais responsables aussi devant l’espèce humaine, de partager les ressources finies d’un monde fini avec tous ceux qui ne sont pas encore nés et qui hériteront de nous. Voilà pour le futur.
« Enfin, l’effort de garder en mémoire ces textes inutiles, ces langues mortes, ces mythes, ces récits, sans lesquels nous ne saurions plus d’où nous venons, ni d’où nous viennent ces mots que nous prononçons, ces symboles par lesquels nous déchiffrons le monde, ni même ces paysages qui sont les nôtres. On ne peut pas oublier que l’humanité s’est déclinée sous les formes de vie les plus diverses, aussi dignes et légitimes les unes que les autres, que toute civilisation, y compris la nôtre, est destinée à périr, et enfin que rien ne nous  force à suivre aveuglement toujours le même chemin. »

Samedi 8 novembre 2008 à 17:59



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