Un autre jour, il sentit nettement quelque chose qui frôlait son dos. Cela se passait toujours derrière lui ; il se retournait d'un coup, ne voyait rien, et cela recommençait de l'autre côté. Et encore ces tout petits éclats de rire, ces voix… Comme ça, dans les derniers vestiges de l'ombre, juste avant le lever du soleil. On s'amusait avec lui, mais lui, ça ne l'amusait pas. Ça le rendait nerveux. Il n'avait pas vraiment peur, mais il était contrarié de savoir qu'il n'était peut-être pas seul au sommet de sa montagne. Il se disait aussi qu'il avait peut-être des hallucinations, qu'il perdait la raison, mais il y avait le petit ruban qu'il gardait toujours dans sa poche…
Un jour, il décida, contre tout usage, de différer un peu la descente et d'observer soigneusement le paysage tout autour de lui. Il ne vit rien, bien sûr ; même les voix s'étaient éteintes.
Le soleil se leva d'un coup derrière la crête voisine, la neige se mit à briller intensément. C'était trop de lumière, beaucoup trop de lumière ! Il eut mal à la tête, peur de perdre sa trace, de s'évanouir en chemin, de basculer dans un autre monde; la descente fut un calvaire.