Vous croyez vraiment que tout ce que vous racontez c'est votre cerveau qui le produit à partir de rien ?
Pourtant le simple fait que cela soit fait d'images reconnaissables et surtout de mots issus d'une langue qui existait bien avant que vous ne vous soyez mis à penser devrait vous mettre la puce à l'oreille.
La parole, ce n'est que du signifiant qui circule. Une balle que quelqu'un, peu importe qui, mais forcément quelqu'un, vous a lancée et que vous attrapez, pour la relancer après l'avoir réchauffée au creux de votre main.
Comme un jeu de balle, donc, le jeu de la parole vive. Des oreilles ou des yeux pour l'attraper, des cervelles pour l'enrichir, des bouches ou des doigs agiles pour qu'elle s'envole à nouveau : l'attrape qui voudra.
On ne crée qu'à partir de ce qui nous a été donné, on ne parle qu'avec des mots qui ont longtemps servi, nos plus belles idées ne sont que les héritières de millions d'autres; ce poème, en fin de compte, c'est l'humanité tout entière qui l'écrit. On ne crée pas, on recycle, on n'émet pas, on reflète, on n'envoie pas, on renvoie.
Tel est le jeu de balle auquel vous êtes conviés. Sport d'équipe forcément, mais sport d'équipe un peu particulier, parce qu'il ne se joue vraiment bien que sans adversaire et surtout parce que l'équipe n'est jamais close.
Ainsi le jeu des blogs...