Voilà. Le second récit fournit la clé du premier. En réalité, c'est la même histoire, celle d'un rendez-vous inéluctable où il arrive qu'on se présente sans le savoir.
L'histoire des hommes en noir ne m'a livré son sens que progressivement, quand sa rédaction était presque achevée ; celle de la fête n'en est que la transposition.
Le fameux "carpe
diem" d'Horace, souvent cité et rarement compris, s'impose
comme la morale de ces deux histoires.
Toi, Leuconoé, ne te mets pas en tête de connaître quelle fin les dieux ont fixée et pour toi et pour moi. Un tel savoir est sacrilège ! Et ne te laisse pas tenter par l'astrologie babylonienne. Il vaut tellement mieux prendre toute chose comme elle vient ! Jupiter t'a peut-être accordé de nombreux hivers encore ; mais ces vagues que la mer Tyrrhénienne jette en ce moment même sur les récifs sont peut-être les dernières que tu verras. Savoure le goût des choses, filtre ton vin, ramène aux dimensions de l'instant tes longues espérances. Alors que nous parlons, le temps jaloux s'enfuit. Prends en main le jour présent (carpe diem) et fie-toi aussi peu que possible au lendemain.
Horace, Odes I.11