On croit savoir ce qu'est une langue, on croit pouvoir tout dire d'elle en huit cents règles grammaticales, en soixante mille unités lexicales, en quarante phonèmes,  en vingt-six lettres, noir sur blanc. On croit ainsi savoir comment les mots s'assemblent et comment s'organise le sens. Pourtant, le continent du langage est si vaste ! Cette grammaire qui nous est familière, j'en suis convaincu, n'est de toutes les grammaires possibles que la plus triviale.
Je voudrais dire la musicale grammaire des sons, celle des rythmes, de la respiration, du silence entre les mots.
Mais aussi la grammaire des relations inconscientes, de l'envers du sens, de l'errance, la grammaire des parentés incertaines, la grammaire du non-dit qui flotte entre les lignes.
Grammaires chatoyantes, incertaines ou carrément folles, trame solide de tout langage vivant.