Dimanche 18 octobre 2009 à 18:52


Un homme qui entre la date de sa naissance et celle de sa mort aurait vécu, comment dire...  autre chose que la vie. Comme si derrière le décor de la vie, autre chose était possible.

Ne voulant pas de cette vie, il s'en est affranchi. Pourtant, il ne s'est pas donné la mort : il a écrit.

 


Dimanche 18 octobre 2009 à 10:59

Plan 1

Une ruelle en pente, étroite, déserte.  Image fixe: la ruelle de bas en haut.

Un homme apparaît.

On ne voit que lui.

Il descend d'un pas rapide,

Moitié marchant moitié dansant.

Il regarde la caméra qui le filme,

s'arrête,

s'approche,

prend la pose,

sort du champ.

Plan 2

La même ruelle, du même point, cette fois de haut en bas,

assez longue,

mais barrée par une façade :

Aucune issue visible.

L'homme de dos marche au milieu.

On ne voit que lui.

Il s'éloigne.

Il rapetissse.

Et soudain bifurque,

et disparaît,

d'un coup,

sur la droite.

Soustraction de l'homme

Soustraction du mouvement

Soustraction de la vie

Ne subsiste qu'une rue déserte

sous le soleil :

image fixe,

éternité advenue,

rien.

 

Jeudi 1er octobre 2009 à 19:53


http://que-vent-emporte.cowblog.fr/images/Lisboa.jpg

Samedi 26 septembre 2009 à 14:00


J'ai vu la mer se retirer et revenir
Cent fois
Mille fois
Comme s'en va toujours le jour qui vient
Jamais plus haut que là, jamais plus loin que là
Comme un passant qui traverse la ville
Une première fois sur ses deux jambes
Et il revient
Une seconde fois dans la barque d'un rêve
Et il revient
Une troisième fois sur le radeau de la mémoire
Et il revient
Une quatrième fois noyé dans l'oubli
Et il revient
Puis tout recommence

Moi aussi
Je remonte ma rue
Je redescends ma rue
Toujours et toujours
Passants pressés
Pigeons qui traînent
Bruits
Chiens
Crottes
Poubelles
Voitures
Voitures
Poubelles
Voitures
On marche on marche
On va on revient
Le retour efface l'aller
L'aller abolit le retour
Et en fin de compte on n'a pas bougé
Jamais plus haut que là, jamais plus loin que là

C'est que l'adresse
Oui, l'adresse
La fameuse adresse
Vous savez bien
Celle qui dit
Où l'on doit se rendre
Absolument
Sans quoi ça ne vaut pas la peine 
Ça fait belle lurette qu'on l'a perdue

On a interrogé le gris du ciel
La lèpre des murs
Les chiffres
Les regards crevés
Les portes fermées
On a fait semblant de chercher
Ou semblant d'oublier
Et finalement
On a renoncé sans renoncer
On a vécu sans vivre
On est mort et pourtant
On remonte la rue
On redescend la rue
Encore et encore
On le fait
Et quand on n'en aura plus la force
Un autre se glissera dans nos pas

Sans même le savoir

 



 


Vendredi 25 septembre 2009 à 12:26


    Toute narration tourne autour de la question du destin. Qu'est-ce donc qu'une histoire, un conte, un roman ? Rien d'autre que la représentation plus ou moins élaborée d'un destin. Et si elle relève de l'imaginaire, c'est justement par le fait d'être un destin et non pas seulement le déroulement nécessaire d'un programme fixé à l'avance.

        Si je devais être romancier je ne chercherais pas à raconter des histoires achevées, mais seulement à amorcer des destinées. Bienheureux celui qui possède un sens suffisamment aigu du possible pour saisir assez tôt tout ce qu'une vie peut enfanter ! Biographe, oui, mais uniquement du potentiel.

    Insensé qui dans la narration d'une vie ne considère que le passé, alors que seul compte l'avenir en train de se faire ! Ne pas annuler non plus la vie présente en rêvant à tout prix d'une vie autre, mais féconder ce présent, porter au jour ses prolongements les plus paradoxaux, déchirer le rideau de routine qui l'étouffe et resprirer l'air vif des terres inconnues, embrasser d'un seul regard le vaste champ infiniment battu par les galops de tous les possibles.

 

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