Samedi 15 mars 2008 à 15:52


-Allô ? Ex Nihilo Père et Fils. « Qui s'occupe de tout s'occupe de vous », parlez, j'écoute.
- Euh… c'est à cause de l'appareil, vous savez…
- Quel appareil, s'il vous plaît.
- La vie.
- Un instant, je vous passe le numéro trois.

(Deux minutes trente-six de musique sublime)

- Ex Nihilo ! « Qui s'occupe de tout s'occupe de vous » , mais on n'a pas que ça à faire, alors soyez bref !
- C'est au sujet de la vie…
- La vie ? En effet, cet article figure encore sur notre catalogue. Mais ça ne durera guère et on ne prévoit pas de nouveau modèle sur cette ligne de produits. Si vous voulez passer commande, ne tardez pas.
- On l'a fait il y a déjà pas mal de temps. Je voulais juste...
- Alors, vous n'avez pas été livré ? Un instant, je vous passe le service compétent.
- Non ! Pas besoin, j'ai reçu le paquet.
- Pourquoi téléphonez-vous alors ?
- Ben… c'est que… je n'ai pas trouvé le mode d'emploi.
- Il n'y a pas de mode d'emploi prévu pour cet article.
- Ah bon ? Mais alors… je fais comment ? En plus, c'est en kit. Maintenant, toutes les pièces sont éparpillées dans le salon et je ne sais même pas à quoi ça ressemble une fois monté !
- Vous verrez bien à l'utilisation.
- Mais pour utiliser l'appareil, il faut bien que je le construise !
- La construction constitue la première phase de l'utilisation. C'est noté sur l'emballage. Vous ne savez pas lire ?
- … !
- Désolé, mais c'est comme ça. Vous comprenez ? C'est la vie !
- Mais comment est-ce que je dois m'y prendre ?
- Comme vous voudrez.
- Vous en avez de bonnes, vous !
- Dans ce cas, faites comme vous pourrez.
- Vous plaisantez ?  Allons, faites un geste, filez-moi un tuyau ! Ma vie, j'y tiens et je ne voudrais pas la gâcher…
- Nous fournissons, les pièces essentielles au bon fonctionnement de l'appareil et vous en disposez à votre guise. C'est le contrat. En plus, comme cet article est gratuit (seuls les frais de fonctionnement sont à votre charge), notre entreprise décline toute responsabilité en la matière.
- Vous n'êtes pas sérieux ! Je me plaindrai.
- A qui ? On est les seuls sur ce marché. On ne dépend de rien ni de personne. Ex Nihilo, vous savez tout de même ce que ça veut dire, non ?
- Vous n'êtes vraiment pas sympa, vous savez ? Je suis déçu.
- N'exagérons pas ! Bon. Calmez-vous ! Je vais vous dire un truc, mais ne le répétez à personne. Vous savez, il y a une astuce avec ce produit.  Il nous sert uniquement à entretenir notre fichier clients. Vous commandez, on vous envoie le kit, et on en profite pour noter votre nom et votre adresse. Ensuite, on transmet la moitié du fichier aux Mormons et le reste aux Témoins de Jéhova. Vous saisissez l'astuce ? L'appareil lui-même ne sert à rien. Faites-en quelque chose ou foutez-le à la poubelle. C'est strictement votre affaire. Nous, ici, on s'en balance.
- Vous vous moquez du monde !
- Vous ne croyez pas si bien dire ! Bon. Ça suffit ! Débrouillez-vous et libérez la ligne. D'autres clients attendent et, croyez-moi, ils ont bien mieux à faire que de nous gonfler avec un truc aussi insignifiant que leur vie !



Jeudi 13 mars 2008 à 18:46




Mercredi 12 mars 2008 à 11:47


Il y a quelques jour, j'ai reproduit ici une liste de 3000 disparus, probablement 3000 otages des FARC, en Colombie. Mais il pourrait s'agir d'autres otages aux mains d'autres ravisseurs. Je la parcours de temps en temps, toujours impressionné par sa longueur, parce que ce sont des noms, et qu'à chaque nom correspond une personne dont l'histoire a versé un jour dans le sordide.
Pour prononcer chacun de ces noms, il faut environ trois secondes. Donc,  l'appel de tous ces disparus prendrait à peu près deux heures et demie.
En parcourant cette liste, je fais comme tout le monde : j'essaie de me représenter les personnes. J'imagine une silhouette, un visage parfois, des vêtements.
 

Mais ce n'est pas tout.
Figurez-vous que cette liste a fait grimper sensiblement le nombre de mes visiteurs !
 
Une bonne affaire : publiez des listes d'otages et vous finirez peut-être au top du classement !

Seule ombre au tableau, ces visiteurs ne s'intéressent pas à mes petites histoires ou à mes jolies photos. Ils ne parlent pas français et, surtout, ils ont d'autres soucis en tête.
Ils viennent parce qu'ils ont perdu quelqu'un et qu'ils le cherchent. Ils viennent de Colombie, du Pérou, de Californie, du Texas. Chaque fois, sur leur moteur de recherche, ils ont tapé un nom, un des noms de la liste. Alors, forcément, ils arrivent chez moi. C'est comme s'ils me disaient : « Edgar Yesid Duarte Valero! Il paraît que vous le connaissez. Nous le cherchons depuis si longtemps. Vous n'auriez pas de ses nouvelles ? »
Et moi, je n'ai rien à répondre. D'ailleurs, ils n'insistent pas.

Un nom, c'est un indice abandonné sur un chemin. Mais tant de chemins ne mènent nulle part !


Mercredi 5 mars 2008 à 22:23


Il y a deux jours, mon ordinateur a contracté une allergie massive aux ondes électromagnétiques. Bref, depuis lors, il vomit la Wi-Fi compulsivement. Au paroxysme du blocage, hier, j'ai dû me résoudre à lui purger le disque et lui retaper le système (et il vomit toujours !).

Une fois qu'il s'est retrouvé à peu près aussi vide qu'un programme politique, je lui ai planté une fiche Ethernet dans le flanc gauche (ça, il accepte) et me suis précipité dare-dare, ici même, sur cowblog. Vous me manquiez tellement !
Et alors, à mon tour j'ai failli tourner de l'oeil.
Comme tous les autres, il avait fini par-dessus bord, le gentil programme qui triait discrètement les bits à l'entrée de ma machine, qui  envoyait valser les fenêtres pop-up et les pubs pour ne laisser pénétrer que de belles choses.

Pour la première fois, sans la moindre préparation psychologique, j'ai vu les blogs de Cow… tels qu'ils sont.

Quelle horreur !
Misère !

La fenêtre d'accueil pour commencer, qui clignote comme la façade d'un motel ! Et puis, dans un flot de pubs criardes et ineptes, quelques textes et de vagues images qui surnagent : les blogs « free », si mal nommés.
Partout, le frétillement de la pub, la couleur de la pub, le crétinisme de la pub.
Je sais, sans la pub, Cow ne vivrait pas, je l'avais même admis. Mais j'ignorais que c'était à ce point. 
Et moi, comme un gros bêta, qui me creusais la tête à la fin de chaque mois pour essayer de savoir pourquoi tant de blogueurs mettent la clé sous le paillasson ! Eh bien, je connais la réponse maintenant.
Naturellement je me suis empressé de recoller  à sa place mon discret petit programme et la pub ne me harcèle plus. Cow est redevenu pour un temps cet espace d'échanges et de création que j'aime tant. Mais ce n'est plus la même chose, parce que j'ai vu, parce que je sais.

Qu'est-ce que c'est que ça ? Un blog ?
Non, un vecteur de pub.
Ah bon ? Et ça vous plaît ?


Dimanche 2 mars 2008 à 18:49


Naïves comme un bouquet d'électeurs sarkophiles,  les fleurs s'imaginent que le printemps est arrivé.

Elles se lâchent.





        Ne savent pas ce qui les attend !


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