Mercredi 24 janvier 2007 à 18:53
Barnabé a cassé le vase de Chine. Le vase du salon, LE vase. Et quand un vase est cassé, il est cassé. Inutile de recoller les morceaux, ça se voit.
Mais pourquoi a-t-il fait ça ? Tout simplement parce qu'il savait que le vase était là, qu'il savait qu'en sa présence à lui le vase courait un grand danger, qu'il voulait absolument tout faire pour ne pas le casser et qu'il en a trop fait d'un côté et pas assez de l'autre ; il a fait beaucoup trop attention au vase, justement, et pas assez au tapis à l'instant précis où c'était le tapis, pas le vase qu'il fallait surveiller et …
On dit partout que Barnabé est égoïste, qu'il ne fait jamais attention à ce qu'il dit, qu'il est blessant. La vérité est plus simple : Barnabé est maladroit. Les maladroits sont parfois distrayants ; ils font rire, aussi longtemps qu'ils ne nuisent qu'à eux-mêmes. Ils peuvent rouler dans l'escalier, se précipiter sous les voitures, tomber dans toutes les rivières, on se marre un bon coup puis on les ramasse, on les répare. De toute façon, c'est leur affaire. Mais quand ils s'en prennent au vase de Chine du salon, excusez-moi, c'est une tout autre histoire ; ils ne font plus rire du tout. Ils sont nuisibles, ils sont la nuisance même.
Je vous conseille l'expérience suivante : vous prenez un univers (pas besoin de chercher midi à quatorze heure, un univers standard, de qualité moyenne, fera très bien l'affaire) ; puis vous prenez Barnabé et un vase de Chine. Vous placez le vase n'importe où dans l'univers et Barnabé n'importe où aussi, mais ailleurs, et vous attendez. Pas très longtemps. Quand vous entendez le bruit, c'est que la rencontre a eu lieu. Barnabé était le destin du vase de Chine, et réciproquement. Tant pis pour Barnabé, on ne peut rien y faire.
Sauf que maintenant, Barnabé est vraiment emmerdé.
Il avait fini par se faire oublier, depuis l'histoire de la lettre d'amour qui avait provoqué la gifle, depuis le fameux compliment qui l'avait irrémédiablement brouillé avec ces gens qu'il admirait tant, depuis ses mots d'esprit consternants: il se sentait tout neuf, il était en train de refaire sa vie. Mais il a fallu qu'il se trouve dans CE salon (qui n'était pas le sien) où trônait CE vase de Chine (pas si beau que ça, mais énorme, pansu, bouffi, mafflu : inestimable !) …
Que faire ? S'esquiver en douce ? Laisser croire que c'est le chat… quel chat ? ou le chien… vous avez vu un chien dans les parages ? Ni chien, ni chat, ni gamin turbulent : Barnabé seulement, Barnabé le Vandale, Barnabé LE Briseur DU Vase de Chine !
Le voile s'est déchiré, découvrant l'aveuglante Vérité et Barnabé vient de comprendre…
Le big-bang était que le prélude ; le surgissement de la vie, une étape ; l'aventure humaine avec Lucy, le pithécanthrope, les Pyramides, le fil à couper le beurre et Nicolas Sarkozy, un simple prétexte. La vraie raison pour laquelle il y a quelque chose plutôt que rien, le point d'aboutissement du grand tralala, ne les cherchez pas dans les spéculations des philosophes ou dans les livres sacrés, vous l'avez là, devant vous : c'est Barnabé rouge de honte, debout sur un tapis à moitié retourné et jonché de débris.
Maintenant, le monde peut bien s'évaporer dans la grande surchauffe qui s'annonce, puisque tout est accompli.
Commentaires
Par run.a.mile le Mercredi 24 janvier 2007 à 23:28
J'ai réussi à me mettre à la place de "Barnabé" peut être parce que je me suis déja retrouvée dans cette situation, tout à fait par hasard. Mais la maladresse est un joli défaut, il peut nous arriver d'être gauche, de ne jamais faire "exprès", ce n'est pas un crime, juste une maladie qu'on attrape au berceau ! ^_^ et puis se dire qu'on a été le destin de quelque chose, y'a quand meme de quoi etre fier, non? peut être que ce vase, il ne demandait qu'a etre cassé... peut être que votre maladresse l'a sauvé de ce monde étriqué où il ne faisait partie que du décor... et si les objets avaient une ame? lol ... je pars loin la ^^' bonne soirée =)
Par Jeudi 25 janvier 2007 à 11:46
le Tout est accompli ou tout peut se réaliser :)
Je te salue l'ami. Bien à toi.
Je te salue l'ami. Bien à toi.
Par Jeudi 25 janvier 2007 à 18:35
le Barnabé est une autre incarnation du diable... cet être malin qui oblige les gens à suivre la voie qui leur est tracée... Le chat-diable de Colette aussi casse le vase de Chine ! Un texte que j'adore, ici :
http://lemennicier.bwm-mediasoft.com/article.php?ID=150&limba=fr" onclick="window.open(this.href); return false;">http://lemennicier.bwm-mediasoft.com/article.php?ID=150&limba=fr
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Par Jeudi 25 janvier 2007 à 19:09
le Le train de l'école, l'omnibus et le vase de Chine.
Et cette image si précisément improbable.
Jean, tu nous gâtes avec tes friandises de l'esprit,
de vraies madeleines.
Et cette image si précisément improbable.
Jean, tu nous gâtes avec tes friandises de l'esprit,
de vraies madeleines.
Par Jeudi 25 janvier 2007 à 21:18
le Ce qui est fait est fait.
Ou alors je n'ai rien compris.
Et heureusement que je lis mes commentaires sur mon blog.
On me les signale pas -_-.
Ou alors je n'ai rien compris.
Et heureusement que je lis mes commentaires sur mon blog.
On me les signale pas -_-.
Par Jeudi 25 janvier 2007 à 22:11
le Tes madeleines sont délicieuses.Je n'ai rien à ajouter =)
Par Vendredi 26 janvier 2007 à 18:18
le "pourquoi il y a quelque chose plutôt que rien", j'ai lu ça quelque par il y a peu, mais je ne me souviens plus d'où et ça m'éneeeerve^^
C'est pas possible d'avoir une mémoire si capricieuse ;)
On a tous nos vases j'imagine...ou nos destins ?
:)
bisous
C'est pas possible d'avoir une mémoire si capricieuse ;)
On a tous nos vases j'imagine...ou nos destins ?
:)
bisous
Par Samedi 27 janvier 2007 à 12:51
le Barnabé... Le destin de Barnabé. Le destin du vase. Barnabé pouvait être plein et le vase vide... Ou encore l'inverse , le vase plein et Barnabé vide... Et si tout ça c'était par hasard le destin...
Par Vendredi 18 janvier 2008 à 2:52
le Si seulement la maladresse s'arretai aux vases...
Par Mardi 8 mars 2011 à 11:07
le Tu me fais tellement sourire ! Et en même temps, ton tour de force, c'est que tu n'écris pas JUSTE drôle ou juste attendrissant ; tu écris vrai. Merci !
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