Samedi 3 février 2007 à 15:15
N'appelle pas à la rescousse ces mots désormais vides de sens
comme village, chemin creux ou paix du soir, qui ne sont plus ni d'ici ni de maintenant.
Mots d'enfance, accessoires trop jolis d'une enfance rêvée qui n'a jamais eu lieu.
Le nostalgique n'est pas ta langue, ni le retour aux origines.
Renonce à dire je me souviens, même si tu te souviens.
Renonce à dire je regrette, même si tu regrettes.
Renonce à dire c'était mieux avant, même si c'était mieux avant.
Ne capitule pas devant le présent même s'il nous tient, le couteau sous la gorge.
Car demain qui s'annonce dans un fracas de moteurs, nous portera encore plus loin, bien loin de ces enfantillages.
Pour les mots, admets banlieue, béton, autoroute, parce que tu as le nez dessus, et bagnole, béton, télé, tournante, couvre-feu, canicule.
Vois ce qu'on peut encore faire avec quelques grands incertains comme amour, volonté, pouvoir, quelques grands impossibles comme bonheur ou progrès, et fais l'impasse sur ceux qui sont déjà tombés, comme innocence ou humanité.
Et si l'on ne peut plus tirer de ça la moindre poésie, soit ! Qu'il n'y ait plus de poésie !
Je renoncerais bien volontiers à la poésie pour un euro d'espérance,
pour dix centimes d'avenir.
Commentaires
Par soft-snow le Samedi 3 février 2007 à 16:42
L'avenir, je l'ai toujours vu valser d'un extrême à l'autre, guilleret, incertain oui, mais formidablement volage et libre, en fait. Le seul avenir qui ne mente pas, c'est le présent, mais ça ne compte pas parce que c'est un ex-avenir, autrement dit un avenir passé, rien que du concret à palper pour se rassurer quand les repères viennent à manquer. Alors forcément, si l'apanage de l'avenir est le mensonge, on peut tout lui faire dire sans craindre l'erreur ! Pourquoi en ce cas, se priver de poésie puisque c'est si joli ?, puisque pour une minute de rêve des milliers de gens seraient prêts à sacrifier leur vie entière. Est-ce parce qu'ils sont inconscients qu'ils donnent ce sens à leur vie, et tentent de se réaliser ? Le rêve, c'est bien souvent l'équivalent du bonheur (c'est même plutôt l'inverse : le bonheur est une sorte de rêve, tout comme le malheur peut revêtir les teintes du cauchemar), et que le bonheur est notre espoir à tous tant que le masochisme ne fait pas partie de nos tendances. Le rêve est aussi un espoir, espoir d'évasion ; il nous propulse dans la vie avec une énergie nouvelle puisée dans le sentiment de liberté qu'il nous procure. Tout est possible, en rêve, alors pourquoi se restreindre au banal et au quotidien quand on peut aller bien plus loin, bien plus haut, et revenir quand il nous chante ? Je suis peut être atteinte, remarque, de la folie des grandeurs. Tant pis. Si ce sont des extrêmes qu'il me faut pour décoller et respirer l'air que je juge le moins oppressant, qu'à celà ne tienne ! Extrêmes il y aura, mêlés d'absolu et d'élans ambitieux. J'ai toujours marché à l'élan. Au rêve. A la poésie. et à la douceur. Simples parcelles de bonheur, mais si précieuses quand on y regarde de plus près...
Par Samedi 3 février 2007 à 16:43
le Et les mots, tu sais quoi ? Les mots permettent d'immortaliser non pas l'instant de bonheur ou de transcendance, mais le souvenir de cet instant. Ils rappellent un chemin de pensée à celui qui les a tracés, et à lui seul. Les mots sont un secret publique ! Un jeu formidable.
Allez, fais pas la gueule ! Les concepts t'appellent probablement aussi, et ça serait dommage de les ignorer...:s
Bisous :)
Allez, fais pas la gueule ! Les concepts t'appellent probablement aussi, et ça serait dommage de les ignorer...:s
Bisous :)
Par Samedi 3 février 2007 à 17:23
le J'ai été à Pnom-Pnenh, il y a 3 ans, avec mes parents (mission humanitaire). Donc 20 ans après PolPot et cie (et j'ai visité le centre de torture s-21)... Là-bas, les petites filles réapprenaient dare-dare les danses, les habits et les chants, aidées par les grand-mères... Le passé et les rêves d'un peuple, çà ne se tue pas comme çà... Comme la mauvaise herbe, çà repousse... Les mots pareils...
Par Samedi 3 février 2007 à 21:56
le Comme d'habitude, c'est tres beau.
Par Dimanche 4 février 2007 à 19:30
le Je crois que nostalgique, je le suis bien trop souvent. Ou bien je saisis pas le vrai sens du mot.
Par Dimanche 4 février 2007 à 20:36
le Tout le monde est guéri a la maison. Quoique. Toujours cette toux infernale. M'empêche de bien travailler ma flute rohhh. Un texte qu'on a étudié en espagnol qui parle d'une histoire fantastique. J'aime bien =]
Par Dimanche 4 février 2007 à 23:58
le merci d'être entrer entre mes mots comme j'entre entre les tiens. Car soir je vais tristement ... Ma petite est partie comme une grande dans sa vie pas vraiment de velours... Alors les mots le passé s'enmêlent dans ma mémoire. et la rengaine du regret ballotte.. où son les non s-dits ou les trop-dits. Des mots rien que des mots, toujours des mots les même s mots...
Par Lundi 5 février 2007 à 9:27
le Renoncer au regret ? Volontiers ! Je décapite le regret, après l'avoir fouetté.
Mais renoncer au souvenir et à la poésie, ça jamais !
Le souvenir est l'éclaireur de mon présent et de mon avenir, la poésie est mon moteur vers un « plus haut-plus loin ». Même pour un espoir éternel, je ne renoncerais à ces deux compagnons de route. Tu comprends mon cher Jean, depuis ma petite enfance ces deux là jouent avec moi dans une cour sans murs et les mots venus du fin fond de la source qui coule dans cette dernière sont mes jouets préférés ; raquette, lance-pierres, yoyo, corde à sauter… ils sont tous dans ma besace.
Au diable l’espoir, si je peux avoir l’ivresse !
Mais cela, tu le sais déjà :)
Mais renoncer au souvenir et à la poésie, ça jamais !
Le souvenir est l'éclaireur de mon présent et de mon avenir, la poésie est mon moteur vers un « plus haut-plus loin ». Même pour un espoir éternel, je ne renoncerais à ces deux compagnons de route. Tu comprends mon cher Jean, depuis ma petite enfance ces deux là jouent avec moi dans une cour sans murs et les mots venus du fin fond de la source qui coule dans cette dernière sont mes jouets préférés ; raquette, lance-pierres, yoyo, corde à sauter… ils sont tous dans ma besace.
Au diable l’espoir, si je peux avoir l’ivresse !
Mais cela, tu le sais déjà :)
Par Lundi 5 février 2007 à 19:33
le Nom de Zeus ! Comme c'est moderne !
A te donner envie de retourner dans le futur !
Par Lundi 5 février 2007 à 22:58
le Je crois, tout comme Plaiethore, que jamais je ne pourrais me passer de poésie. L'espoir doit s'accompagner de poésie, et même si c'est de la poésie médiocre, de bistrot, c'est ça qui nous sauvera ! Parce que les mots lancés en vrac c'est comme un second souffle, et que même si on ne tourne plus très rond aujourd'hui, autant s'adapter au tourniquet qu'est notre monde actuel ! Pour ce qui est du regret, enterré, loin... derrière moi ! Et sans tomber dans un pessimisme radical, je crois que notre avenir sera moins terne si on ne fait pas de la poésie une impasse mais un échappatoire ! Encore merci, ça m'a donné a réfléchir sur ma condition !! :)
Par Mardi 6 février 2007 à 10:28
le Tention ! La poésie n'est pas un échappatoire, me concernant.
Elle est une introspection, elle est un moyen d'échange, elle est une machine à créer de l'émotion, de l'ambition, de la réflexion, de la compréhension, de la vérité, de l'au-delà. Elle est tout, sauf un échappatoire.
Elle est une introspection, elle est un moyen d'échange, elle est une machine à créer de l'émotion, de l'ambition, de la réflexion, de la compréhension, de la vérité, de l'au-delà. Elle est tout, sauf un échappatoire.
Par Mardi 6 février 2007 à 21:05
le Faudra bien que je fasse son deuil hein. Eh, c'est moi ou on s'éloigne, toi et moi ? Ca me rend triste parfois. J'ai plus le courage de donner autant de nouvelles. Il se passe tellement de choses dans mes journées. Je ris et 5 minutes après je pleure. Ca m'décourage.
Par Mercredi 7 février 2007 à 11:08
le Il est déjà mercredi et je n’ai toujours pas réagi à tous ces commentaires, que j’ai reçus comme autant de témoignages d’attention et d’amitié. C’est que la tâche n’est pas facile. L’avenir, les mots, la poésie, cela fait beaucoup. Pour une large part, toute notre présence au monde en dépend. Nous sommes d’accord sur l’importance décisive de ces questions. Et pourtant, nos points de vue sont plutôt divergents. Cela se comprend : nous ne parlons pas ici de vérités auxquelles conduisent nécessairement des raisonnements rigoureux, mais de choix personnels, et pas question de dire que mon choix vaut mieux que celui d’autrui par le simple fait que c’est le mien. Cela se comprend, donc, mais cela se discute, car un choix, quel qu’il soit, ne vaut que s’il est mis à l’épreuve (je parle pour moi autant que pour les autres). J’éprouve donc une grande envie de poursuivre ce débat.
Par Mercredi 7 février 2007 à 11:46
le Moi aussi :)
Par quoi commençons-nous Jean ?
Penses-tu que la poésie et l'écriture soit un échappatoire ? Tiens !
Par quoi commençons-nous Jean ?
Penses-tu que la poésie et l'écriture soit un échappatoire ? Tiens !
Par Vendredi 9 février 2007 à 17:45
le Et comment, qu'ils se valent, nos avis !
La poésie reste un voyage pour moi, de par les images et les évidences qu'elle fait naître, de par l'analyse qu'elle implique et les vérités qu'elle adoucit. Le voyage n'empêche pas d'accéder au meilleur que l'on est en droit d'attendre du monde, des autres et de soi (pour commencer ;) : il forge un moral et une volonté !
Du moins est-ce ce que je crois...
:)
La poésie reste un voyage pour moi, de par les images et les évidences qu'elle fait naître, de par l'analyse qu'elle implique et les vérités qu'elle adoucit. Le voyage n'empêche pas d'accéder au meilleur que l'on est en droit d'attendre du monde, des autres et de soi (pour commencer ;) : il forge un moral et une volonté !
Du moins est-ce ce que je crois...
:)
Par Lundi 12 février 2007 à 21:36
le j'aime la poésie... ta poésie! :)
Par Dimanche 11 novembre 2007 à 13:36
le La poésie ? Je me sens tellement petite, quand tu en parles et qu'ils répondent. Quel est ce lieu si riche et si exigeant dont j'entends tant parler mais que je ne connais pas ? Où se cache-t-il, tu le sais, toi ? Dis-moi, parce qu'on semble y trouver quelques merveilles insoupçonnées, là-bas. Oh, que vois-je ? Un horizon, peut-être ? Un deuxième article chaleureux, peut-être y trouverais-je quelque réponse, ou peut-être me sentirai-je encore plus minuscule parmi tous ces poètes.
Par Mardi 8 mars 2011 à 11:20
le Tu confonds tout. On ne dénombre pas l'espérance en euros ! En tout cas, moi, je la trouve plutôt dans les vers et les chemins creux, et dans les mots auxquels il reste un semblant d'ailes (même s'il est de l'ordre du souvenir), que dans ce que le présent nous jure de l'avenir.
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