Jeudi 8 février 2007 à 0:17
Dans ma tête bien souvent, ça ne pense pas, ça crie, ça aboie, ça mord, ça chahute. Mes pensée (appelons ça des pensées) sont comme les chiens d'une meute au chenil. En apparence, c'est un terrible désordre ; moi-même, je m'y retrouve avec peine. Pourtant, ces chiens obéissent entre eux à une hiérarchie rigoureuse et, ensemble, ils forment bel et bien une meute prête à se concentrer tout entière sur une proie, une seule, pourvu qu'on la lui désigne, ce qui n'arrive pas si souvent, hélas !
L'autre jour, une de ces pensée un peu folle, hâtivement sevrée, s'est échappée et s'est mise à courir bruyamment par la ville. J'étais bien incapable de savoir ce qui en résulterait. Eh bien, elle m'est revenue triomphante tenant en sa gueule un beau chapelet de solides commentaires.
Alors, puisque c'est comme ça, on continue !
Il sera donc question de poésie ?
Assurément : de la poésie, de son sens, de sa manière. Mais pas d'emblée, parce qu'à mes yeux la poésie, si importante soit-elle, reste entièrement subordonnée à la vie, dont elle procède, à laquelle elle doit tout, dont elle n'est que l'expression la plus intense et, quoi qu'on puisse en dire, la plus lucide. Je m'inscris donc en faux contre toute tentative d'isoler la poésie, d'en faire un refuge contre la vie, une alternative, une échappatoire. Vous me direz que ce n'est qu'une opinion et qu'on s'en affranchit bien facilement. Peut-être, mais cette opinion, je l'assume entièrement : la poésie qui ne procède pas d'une pleine présence au monde et d'une conscience suraiguë du réel n'est qu'un faux-semblant.
Et même, dire « la vie », c'est encore bien trop vague. Point de vie qui ne soit insérée dans l'histoire, liée à un ensemble de circonstance, à un complexe de représentations, à une vision de l'avenir.
Et c'est là qu'il y a beaucoup à dire, c'est de là que je partirai.
Il me paraît évident que notre civilisation, cette manière de penser l'humanité qui nous est propre, touche à sa fin. L'effondrement est proche ; il sera probablement rapide et brutal. Il prendra tout le monde au dépourvu, et pourtant, plus tard – en admettant qu'il y ait un « plus tard » -, on s'exclamera : c'était si évident ! Si nous ne l'avons pas prévu, c'est que nous ne voulions pas le prévoir.
Selon toutes les apparences, c'est maintenant la fin de la grande utopie technicienne, selon laquelle le développement sans limite des forces productives induirait un mouvement de civilisation et de progrès, garantissant à tous les hommes la prospérité et la liberté dans l'esprit des Lumières. Nous en sommes à peu près certains aujourd'hui : cette belle utopie ne se réalisera jamais. La prospérité, la liberté, l'espérance d'une vie pleinement humaine ne seront jamais ensemble et pour tous au rendez-vous.
Mais surtout, il faudrait un miracle – une découverte scientifique extraordinaire - pour que cette épopée technicienne redevienne simplement compatible avec les ressources de notre planète. Miser là-dessus, en l'état actuel des choses, c'est s'en remettre à une croyance et non plus à une prévision réaliste, ce qui nous met en contradiction avec la logique même de la civilisation que l'on prétend sauver. Alors, de deux choses l'une : ou bien l'humanité s'éteindra purement et simplement, ou bien son histoire prendra une nouvelle direction dont les caractéristiques nous échappent complètement aujourd'hui. En tout état de cause, ce moment critique, dont témoigne d'ores et déjà l'évolution précipitée du langage et de nos représentations (j'y reviendrai), nous contraint à repenser la vie et donc la poésie dans sa définition même.
Commentaires
Par Jeudi 8 février 2007 à 19:38
le Foutue orientation. Ca m'obsède, me tracasse. Faut que je parle a mon prof principal.
Rolalalala.
Rolalalala.
Par Jeudi 8 février 2007 à 23:15
le "compatible avec les ressources de notre planète"... De toute façon, l'épuisement des ressources ne provoquera pas la fin de l'humanité. Ou en tout cas pas en tant qu'elle a besoin de ces ressources justement, dans cet esprit d'économie finamelent (économie dans le sens capitalisme/libéralisme toussa). La filière que je suis est très intéressante pour cela, car j'ai aussi accès à ces questions en plus des matières littéraires, et l'économie permet de comprendre tout un aspect de notre monde qui nous paraissait si évident qu'on ne l'avait pas vu. Bref, je m'égare. Le fait est que, par les mécanismes du marché, les ressources ne peuvent matériellement pas s'épuiser. Il n'y aura jamais "plus de pétrole" par exemple : quand il sera devenu vraiment rare, il sera de toute façon si cher qu'il deviendra un luxe. Mécaniquement, on trouvea forcément autre chose à la place, on sera obligés...
Bien sûr, ça ne remet pas en cause ton point de vue. Faut que j'y réfléchisse d'ailleurs. Si changement il y a (et il y en aura un), j'ai vraiment envie de le vivre, par curiosité, tant pis pour le confort... Je veux vraiment le voir. Enfin mon commentaire n'a qu'un lointain rapport avec cet article, mais j'avais juste envie de le dire...
Bien sûr, ça ne remet pas en cause ton point de vue. Faut que j'y réfléchisse d'ailleurs. Si changement il y a (et il y en aura un), j'ai vraiment envie de le vivre, par curiosité, tant pis pour le confort... Je veux vraiment le voir. Enfin mon commentaire n'a qu'un lointain rapport avec cet article, mais j'avais juste envie de le dire...
Par Vendredi 9 février 2007 à 0:46
le Je comprends un peu mieux ce que tu entends par "poésie". ET en y réfléchissant, à tête reposée, mon expression d" "échappatoire" était un peu trop rapide et fausse. Toute poésie s'inspire de lavie, mais en faire un échappatoire, non ! J'ai hésité sur le terme à employer, mais je reviens tt de suite dessus. en effet, je ne cherche pas à faire impasse de la réalité, mais je donne valeur à cette réalité par la poésie. Loin de moi l'idée de transformer la réalité, de faire du poète un sur-homme, mais je me demande si la poésie ne nous révèle pas autre chose sur notre identité, si elle ne nous extrait pas un peu de notre appartenance humaine? Et en faire un réfuge contre la vie? Il en est hors de question, ce serait lâche. Mais bon oui c'est une affaire d'opinion. Je m'excuse d'avoir parler un peu trop vite ^^ décidément, je vois plus clair ce soir ! Merci encore une fois ^^
Par Vendredi 9 février 2007 à 17:39
le Je n'ai pas la même définition que toi de la poésie. Mais ton discours se tient, preuve que la vérité joue bel et bien à cache cache derrière les opinions :)
Bon week-end, bisous :)
Bon week-end, bisous :)
Par Vendredi 9 février 2007 à 22:53
le Déclaration fondatrice et ambitieuse... Un nouveau "discours de la méthode" ?
Je réfléchis déjà à la "repoésie" de notre habitat...(en Grec, poièn , d'où vient poésie", c'est créer, faire du neuf avec de l'ancien...). Recréer à partir des ruines de notre civilisation, de notre langage babélisé....
Je réfléchis déjà à la "repoésie" de notre habitat...(en Grec, poièn , d'où vient poésie", c'est créer, faire du neuf avec de l'ancien...). Recréer à partir des ruines de notre civilisation, de notre langage babélisé....
Par Samedi 10 février 2007 à 15:54
le Cher Jean,
la métaphore était purement fortuite et étrangère à nos échanges taquins sur la fable "Le singe et l'arbre",
à moins que ce ne soit une vague réminiscence inconsciente, en tout cas n'y voit rien de personnel,
d'autant plus que la lecture de ton dernier article confirme notre convergence d'idées.
"Vous n'avez pas le monopole du singe et de l'arbre". ;-)
la métaphore était purement fortuite et étrangère à nos échanges taquins sur la fable "Le singe et l'arbre",
à moins que ce ne soit une vague réminiscence inconsciente, en tout cas n'y voit rien de personnel,
d'autant plus que la lecture de ton dernier article confirme notre convergence d'idées.
"Vous n'avez pas le monopole du singe et de l'arbre". ;-)
Par Samedi 10 février 2007 à 17:18
le Je suis d'accord pour le changement dans les modes de vie, il faudra bien qu'on y vienne. On y sera confrontés qu'on le veuille ou non, qu'on s'y attende ou non, viendra bien un moment où nous n'aurons plus le choix.
Et comme je te le disais, je suis assez curieuse de savoir ce que cela donnera ;-)
(et puis de toute façon j'ai rien à craindre, j'ose supposer que le métier d'institutrice restera toujours stable et utile même s'il reste mal payé :-P)
Et comme je te le disais, je suis assez curieuse de savoir ce que cela donnera ;-)
(et puis de toute façon j'ai rien à craindre, j'ose supposer que le métier d'institutrice restera toujours stable et utile même s'il reste mal payé :-P)
Par Samedi 10 février 2007 à 23:13
le J'aime beaucoup ta facon d'écrire! A mon sens, tu fais une bonne description de la poésie mais il faut que je prenne du recul sur ta réflexion et par la suite la relire histoire d'avoir els idées bien au clair. Je peux par la suite te proposer une lecture: Les Planches Courbes d'Yves Bonnefoy qui insrcit une véritable réflexion tres interessante sur la poésie. Enfin voila peut etre connais tu ce receuil ce qui ne m'étonnerais point. Sur ce bonne soirée!!
Par Dimanche 11 février 2007 à 0:30
le la poésie... le poète. La prose en poesie ou l'esprit en pose . On pose, on rie , on pleure sur la vie. La vie s'écrit en cris, l'ecrit s'empoètise...C'est pas compliqué. la vie est poesie.... Ma Lélé revient après les vacances, Jean. Merci pour ton arrêt dans ce non article qui concerne la vie. C'est si bon la tendresse gratuite ..
Par Lundi 12 février 2007 à 21:30
le Je pense que tu as raison concernant le futur de l'espèce et à vrai dire, don extinction ne m'étonnerais pas du tout (désolé je suis un peu mysanthrope sur les bords!!!)... Enfin l'avenir nous le dira car à mon sens même si les hommes veulent prédire l'avenir ils ne le peuvent....
Par Mardi 13 février 2007 à 23:31
le Pour répondre à ta demande : on trouve ici : http://www.cowblog.fr/search_index.html" onclick="window.open(this.href); return false;">http://www.cowblog.fr/search_index.html la liste des blogs que Cow considère comme "encore" en fonctionnement . Il suffit de copier cette liste provisoirement sur une colonne Excel pour avoir le compte des blogs ouverts sur Cow , en prenant le n° de la dernière ligne (en fait, partiellement fausse, car cette liste n'est pas "nettoyée" régulièrement, donc très optimiste...)
Par Mardi 8 mars 2011 à 11:35
le Je ne suis pas sûre de bien comprendre où tu veux en venir en ce qui concerne la poésie.
Je vois que tu parles de la poésie comme d'une partie intégrante et lucide de notre vécu, comme de quelque chose d'intimement lié aux événements humains, et que tu es pessimiste quant au monde humain. Ca, d'accord.
Mais dans ton article précédent, tu parlais tout de même d'un abandon de la poésie contre l'espoir, et c'est ce qui me bloque... Pour moi, une humanité qui laisse tomber sa poésie, ce n'est pas une société de l'espérance mais un troupeau d'autruches en pleine crise de cécité provoquée. Je crois qu'il y a une subtilité de tes deux textes qui m'échappe, parce que j'ai du mal à croire qu'on ne soit pas du même avis sur ce sujet.
Je vois que tu parles de la poésie comme d'une partie intégrante et lucide de notre vécu, comme de quelque chose d'intimement lié aux événements humains, et que tu es pessimiste quant au monde humain. Ca, d'accord.
Mais dans ton article précédent, tu parlais tout de même d'un abandon de la poésie contre l'espoir, et c'est ce qui me bloque... Pour moi, une humanité qui laisse tomber sa poésie, ce n'est pas une société de l'espérance mais un troupeau d'autruches en pleine crise de cécité provoquée. Je crois qu'il y a une subtilité de tes deux textes qui m'échappe, parce que j'ai du mal à croire qu'on ne soit pas du même avis sur ce sujet.
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Heureuse de savoir que tu es la malgré tout. =]