Je suis le pivot de l'univers, l'unique point fixe, oui, c'est ça que je suis, se disait Barnabé
Le matin, mon lit se désolidarise de moi; le monde bascule d'un quart de tour; debout, tant bien que mal j'essaie de compenser en marchant les mouvements désordonnés de la maison.
Ils me disent, les gens : Barnabé, c'est pas vrai ce que tu dis, là, c'est juste toi qui as bougé. Tu as tourné la tête.
C'est ce qu'ils croient ces imbéciles. Même pas capables de se rendre compte que c'est le monde qui a pivoté et que le bas de mon corps solidaire du monde par l'intermédiaire du placet de ma chaise a tourné avec. Mais ma tête, justement, ma tête, elle est restée d'une sublime, absolue et parfaite immobilité.
Et tac !
En plus, il me rappelle ce truc d'enfant qui me poursuivra sûrement toute ma vie: tout semble immobile alors que la terre tourne. Même si je me concentre très fort, rien ne trahit cet immobilisme environnant. On dirait que le sol est un bas, que le ciel est un haut, que tout ça c'est bien structuré et solide, et pas que c'est en train de tournoyer à tout allure parmi d'autres sphères.
D'ailleurs, ton texte, il me fait penser à cette idée que c'est le soleil qui tourne autour de la terre !
Non vraiment, je raffole de ces textes là.