Samedi 10 mars 2007 à 17:03


Neuvième épisode

Péniblement: c'était bien le mot. Ils n'étaient plus qu'une cinquantaine à trimer. Blogdown lui-même avait pris place sur un banc et pédalait avec l'énergie du désespoir. En dépit de tous ces efforts, heure après heure, la machine perdait de l'altitude.
Le vent avait forci, l'appareil fonçait maintenant, effleurant parfois des vagues gigantesques.
Les survivants échangeaient furtivement des regards. A quoi bon se démener ainsi ? pourquoi ne pas se résigner une fois pour toutes, mettre un terme à ce supplice et rejoindre enfin tous ceux qui avaient déjà lâché prise ?

Soudain, quelqu'un poussa un cri et désigna l'horizon, droit devant. On distinguait en effet, au loin, une barre brunâtre qui signalait la terre ferme, la limite de l'Océan, le salut.

Et les survivants, harassés, s'imposèrent un ultime effort, gigantesque, surhumain, insupportable. Une dizaine de fois, la machine toucha l'eau, puis se releva difficilement de quelques mètres. Le naufrage semblait inévitable, mais terre ferme se rapprochait, devenait accessible : une vaste plage, au-delà de laquelle s'étendait une ville immense, toute blanche, comme un rêve merveilleux sous le ciel grisâtre.
Une ultime rafale propulsa le « big engine » jusqu'au rivage.  Le choc fut des plus rudes.
Les rescapés se détachèrent et se laissèrent tomber sur le sable, exténués. Ils étaient trente-quatre : quinze femmes, quatorze hommes, quatre adolescents, et Blogdown. Ils se regroupèrent à quelques mètres de la machine et restèrent silencieux une ou deux minutes pour reprendre leur souffle.
Ils avaient réussi ! Ils étaient arrivés. Quelqu'un lança un cri d'allégresse et tout le monde reprit en chœur : « On a gagné ! On a gagné ! »

La plage était immense et vide. Les immeubles luxueux du front de mer formaient une barre impressionnante.

Les survivants de l'île Monde se mirent en marche en direction de cette ville magique, se traînant à grand-peine sur le sable blanc.
Ils n'avaient pas fait vingt mètres qu'ils perçurent dans leur dos comme un gémissement. Ils se retournèrent. Le « big engine » émit un craquement puis, dans un fracas de planches, un froissement de feuilles, un grincement de poulies, s'effondra sur lui-même.
«Aucune importance, dit Blogdown en riant, elle ne servira plus, nous sommes arrivés, nous avons réussi, nous sommes sauvés ! »
Et ils se remirent en route vers cette ville qui se dressait devant eux comme une pure falaise de marbre.


Par Monochrome le Lundi 12 mars 2007 à 20:03
Et les Hommes alors, se retrouvent intrus dans la Civilisation. Elle a su jouer fin en inversant les rôles de la sorte.
 

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