Vendredi 10 novembre 2006 à 18:38


A deux pas de chez moi, presque sous ma fenêtre, passe un chemin, aujourd'hui ignoré du grand trafic et abandonné aux promeneurs, aux traîneurs de chiens, aux cyclistes et aux kamikazes à trottinette, un chemin pour aller à pied, qui frôle la lisière des forêts et traverse les champs. C'est le chemin de Paris. Ce nom, parce qu'au carrefour s'y engageaient tous les voyageurs qui, comme Rousseau, gagnaient à pied, à quelque trente jours de marche, la capitale du Royaume de France.
Le monde n'avait pas encore trop rétréci, le temps du voyage était parfois plus long que le temps du séjour à destination, et pourtant, sur ce chemin, les voyageurs se sentaient liés dès le départ à ce but qu'ils ne pouvaient atteindre que pas à pas : Paris s'annonçait dès le début du voyage.
 Je pense aussi à cette émotion qui saisit nos pèlerins modernes aussitôt qu'ils mettent le pied sur la route de Compostelle.
Et je me souviens des départs en vacances, avant l'autoroute. L'Océan se trouvait à quatre ou cinq jours d'automobile au terme d'une interminable route sinueuse. Pourtant, sitôt refermée la porte de l'appartement, avant même que la voiture ne démarre, on sentait déjà l'odeur de la mer.





Par degraal le Vendredi 10 novembre 2006 à 20:07
j'aime beaucoup ton article...
Par soft-snow le Samedi 11 novembre 2006 à 21:19
Trente jours de marche ?!
Il fallait être sacrément motivé, ou follement amoureux de quelqu'un à Paris ! Rousseau...mes respects !

:)
Par M. le Lundi 13 novembre 2006 à 18:11
Je ne peux m'empêcher de penser à l'oeuvre de Marcel Pagnol en lisant tes mots, à l'image de ces vacances dont les personnages entendaient déjà la mélodie des cigales. Ce fut agréable de te lire, bonne continuation à toi. =)

Lady.M.
Par Marko.N.A le Mardi 14 novembre 2006 à 18:49
Cher Que-vent-emporte, le temps est à la nostalgie sous nos crânes déplumés, l'effet automnal je suppose, cette impression d'année en année que le recommencement devient hypothétique.
Je ne résiste pas à replacer : "Rien de tel pour magnifier sa destination que de s'y rendre lentement."
Par a.fleur.de.curiosite le Vendredi 9 novembre 2007 à 23:17
Tiens, c'est étonnant je n'en ai pas fait la même lecture aujourd'hui. Ce que j'en ai retenu c'est la comparaison aux pélerineurs modernes de Compostelle, avec la petite touche de tristesse qui l'accompagne. C'est vraiment frappant comme on sélectionne les informations en accord avec la façon dont on se sent. Bref !
Par monochrome.dream le Mercredi 8 décembre 2010 à 21:38
A cinq jours d'auto de la mer... C'est un peu l'esquisse raccourcie de la vie dont je rêve. Pouvoir emporter sa maison. Les gens du voyage le font bien !

Je me souviens des cours d'histoire et de civilisation romaine : sur des cartes, on nous montrait les trajets de machin ou bidule, et ça ne paraissait pas si loin. Aujourd'hui, la Lune est peut-être aussi loin de chez moi qu'en d'autres temps Moscou aurait pu l'être.
Et je suis d'autant plus ravie de trouver cette réflexion chez toi, qu'elle m'a longtemps hantée moi-même, petite.
 

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