Mercredi 18 avril 2007 à 17:50


Elle se lève à six heures, quitte son appartement à six heures quarante-cinq, prend le bus à six heures cinquante-cinq, plus ou moins cinq minutes. Le bus la laisse à trois minutes de son travail. Au bureau règne une logique morne et une convivialité forcée. Elle s'étonne toujours de la désinvolture avec laquelle elle s'acquitte de ses tâches quotidiennes, de la fausse affabilité des autres, de son aptitude à sourire sans joie, des subtils jeux d'esquive à chaque pause. Un bureau métallique au milieu des autres dans la grande salle, un clavier, un écran, un tapis de la souris, la photo à gauche de l'écran, un téléphone, deux tiroirs, une chaise sans accoudoirs, son sac : son territoire.

Pas de quoi construire une histoire. Tout lui tombe dessus et elle n'a même plus la force ou l'idée de se mettre à l'abri, de prendre sa journée, de courir sous les arbres, de s'étonner d'être si folle, de sauter hors du cheminement bien balisé qui la porte tous les jours, réglée comme une machine. Tout cela est tellement dénué de sens, tellement vain ! Elle essaie de s'économiser, de ne jamais aller au-delà du minimum… Elle est toujours épuisée en sortant.
Répétition quotidienne des mêmes gestes, fréquentation quotidienne des mêmes lieux, rituels insignifiants, irrémédiable solitude, puits sans fond : une vie…
Le dimanche, pas trop le courage de …
Et chaque année pendant dix jours, tirer le rideau sur toute cette monotonie et s'offrir quelques loisirs bien formatés.
Usure du désir… Plus j'étouffe, dit-elle, moins j'ai envie de respirer ; plus je suis triste, moins je pleure. Je suis seule et cela n'a plus d'importance. Je m'enroule petit à petit sur moi-même, chaque année un tour de plus, bien serré.
Longtemps, j'ai cru le refus possible, la révolte inévitable, mais cette certitude ne m'a donné que la force d'attendre, de trop attendre, de beaucoup trop attendre…



Par coffre.a.mots le Mercredi 18 avril 2007 à 18:12
Dire qu'on s'y reconnait serait un peu trop osé tu crois pas?
Tout de même ça me démange.
Par thegrannysmith le Mercredi 18 avril 2007 à 18:27
Malgré que le sujet est très différent, ca me fait penser au roman d'Arnaud Catherine "les yeux secs" . Ne me demande pas le pourquoi du comment, j'en ai strictement aucune idée !
Par defouloir le Mercredi 18 avril 2007 à 21:15
J'espère juste ne jamais avoir une vie aussi morne, et aussi rythmé. Je ne sais pas comment fait ce personnage pour supporté la platitude.
Par maud96 le Mercredi 18 avril 2007 à 22:53
"Usure du désir..."
Je suis sûre que beaucoup meurent, comme un tissu usé se déchire...
Par emma-la-savate le Jeudi 19 avril 2007 à 15:08
Au risque de plomber l'ambiance, c'est pas rigolo, rigolo tout ça. Faut qu'elle sorte, qu'elle aille boire un verre, qu'elle contemple le fleuve et qu'elle parle aux mouettes.Par exemple, hein.
Par soft-snow le Samedi 21 avril 2007 à 13:45
La semaine c'est replay, indéfiniment replay. Et le dimanche, sur pause on pense déjà aux six prochains replay. t replay et...et ça sert à quoi au final ? Beaucou perdent le sens :s
Par Ne.p4.pill0n le Lundi 23 avril 2007 à 18:52
Je m'y reconnais, au début. Les mêmes gestes, les mêmes visages, les mêmes lieux, une sorte de routine. Enfin j'espère que je ne finirai pas comme cette femme, en tete a tete avec moi meme, sans personne a mes cotés.
Par Human le Dimanche 29 avril 2007 à 22:40
Je me permettrais juste une citation :
"Un homme devient vieux lorsque les regrets prennent la place de ses rêves" John Barrymore
Il ne faut pas avoir peur de vivre chaque jour pleinement...
Par monochrome.dream le Mardi 8 mars 2011 à 14:58
J'ai peur, je ne veux pas être ça. Je n'y survivrais pas.
 

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