Mardi 15 janvier 2008 à 19:25


Monsieur Brume écrivait. Peu importe quoi ; seul le fait d'écrire est fascinant ; le reste, ce qui en résulte, est toujours d'un intérêt moindre. Et au fil des pages, son écriture le porta tout naturellement à ce constat que tant d'autres ont pu faire avant lui : le Brume qui tenait la plume, qui se disait : « Maintenant, je vais rédiger une page ou deux, parce que j'ai envie d'écrire, ne me dérangez pas s'il vous plaît », le Brume, donc, qui répondait présent quand on prononçait son nom, celui qu'il découvrait dans son miroir, qui s'identifiait au corps de Brume, ce Brume-là ne correspondait pas au Brume énigmatique, au vrai pourvoyeur des mots, des phrases qu'il portait sur le papier.
L'autre Brume n'était pas un second Brume, mais plutôt la continuation énigmatique du premier et littéralement son secret. Ainsi un alpiniste, se croyant arrivé, entrevoit soudain par une déchirure du brouillard, plus loin, plus haut, mais combien plus imposant, le vrai sommet de la montagne qu'il est en train de gravir.

Ayant fait cette découverte, il perdit beaucoup de sa belle assurance. Quand il sentait qu'une idée poussait dans sa cervelle, il se disait ça pense et non plus je pense. Son je usuel se défaisait à vue d'œil. Mais l'autre - faut-il dire le vrai ? - manquait encore. Ce n'était qu'un point d'interroga- tion, une lacune de son être.

Une certitude cependant : c'est au fil des mots qu'il s'en approcherait.



Par a.fleur.de.curiosite le Mardi 15 janvier 2008 à 19:41
" littéralement son secret "
Je suis émue.

Ca ne pense pas, ça me démange.

C'est vrai que ça met drôlement le doute. Ca fait presque du bien de lire autre part qu'en soi.

Mr Brume a une intuition fort juste. Heureusement qu'il laisse quelques piquets sur son parcours, on pourra peut-être suivre son chemin.

"Son je usuel se défaisait à vue d'oeil." Sourire

Oh et puis si je m'écoutais je prendrais presque chaque bout de phrase.

Le vrai ? Ouille. En voilà une question suspendue entre deux petits tirets, question formelle ou interrogation, peu importe. Je me demande. Je ne crois pas, Mr Brume n'est pas faux parce qu'il se croit être une certaine image de Mr Brume. Finalement, il est peut-être on ne peut plus vrai quand il se pense être cette image. De là à dire que c'est sa nature... je ne sais pas. Reste à ce qu'il découvre une part de sa vérité, à travers les mots, eux qui mettent si souvent de la poudre aux yeux, peuvent aussi parfois souffler dessus.

Melle curiosité a quant à elle beaucoup de choses à apprendre.
Par Samantha.c4 le Mardi 15 janvier 2008 à 20:38
C'est à force de réfléchir qu'on se rend compte à quel point il reste matière à penser.
Par monochrome.dream le Mardi 15 janvier 2008 à 20:51
Parce quand on écrit, on prend le temps de se poser, on trie, on peigne un peu ses pensées, enfin on essaie. C'est ça qui est magique : que toujours l'écriture nous fasse découvrir. Sur nous-même, surtout ; mais c'est par là qu'il faut commencer avant d'en venir à l'aventure de l'autre, il me semble.
Par maud96 le Mercredi 16 janvier 2008 à 22:40
Le "premier-jet" de l'écriture, à l'expérience, n'est pas toujours une réussite... Alors, on se relit, on prend du recul, on biffe, on rectifie... Mais l'important n'est pas le style, plus ou moins peaufiné, c'est le premier jet, l'intuition, qu'il ne fallait pas perdre. Les pensées sont souvent des papillons qu'il faut attraper au filet... mais qui perdent leurs couleurs si on les épingle trop sur une planche. Mon Monsieur Brume à moi est plus à la source qu'en fin de parcours... Je pense mes journées à regretter de n'avoir pas noté le passage du papillon, à l'instinct, comme un paparazzi prend ses photos volées...
Par suspendue le Jeudi 17 janvier 2008 à 18:58
Le "moi" et le "moi de l'écriture" ça ferait un bon sujet de philo ça =]
Moi je crois que c'est le même, que ce qu'on écrit c'est une partie de nous même qui se cache, qui ne veut se faire entendre, voir, directement; qui n'est pas forcément sure d'elle ou peut être trop, qui est une extrème personnelle, parfois meilleure que le "moi du spectacle" celui qu'on montre au grand jour, qu'on veut controler. Parce que l'écriture même si ça on peut réecrire, pour qu'elle soit bonne il faut qu'elle soit émotion, une émotion que le contrôle ne permet pas, les passions nous poussent à faire des choses qu'on ne peut maîtriser et dans ce sens je crois que l'écriture est une passion, on ne peut s'en passer et la contrôler, c'est seulement nous avec des lettres.
Bizou*
Par Ch0u.Fleur le Samedi 19 janvier 2008 à 17:30
Ouais bah moi, je l'ai jamais rencontré, ce Je qui écrit tout seul.
Ca m'embête, j'arrive pas à écrire.

*

Et puis, je me demande si jouer avec du rouge à lèvres pourrait m'aider.
Non parce qu'en ce moment, c'est plus un son que je produis, mais un courant d'air, une tempête, un ouragan, une tornade.

*

Enfin bref.
Par would.you.marry.me le Dimanche 20 janvier 2008 à 12:36
J'avais oublié de te demander. Tu avais laissé un commentaire chez moi qui disait "au fond, ici, ça pourrait être partout".
Sur cet article : http://would.you.marry.me.cowblog.fr/souvenir-pola-d-un-monsieur-inconnu-2390811.html" onclick="window.open(this.href); return false;">http://would.you.marry.me.cowblog.fr/souvenir-pola-d-un-monsieur-inconnu-2390811.html
Je ne suis pas sure d'avoir compris ce que tu voulais dire.
Arf :p
Par emyagony le Dimanche 20 janvier 2008 à 14:57
Au fil des mots, je l'aime de plus en plus ce M. Brume!
Par La.Joconde le Lundi 21 janvier 2008 à 20:08
Monsieur Brume, je l'aime de plus en plus.

Et moi, j'ai de plus en plus honte de ne plus touver le temps d'écrire.
Par monochrome.dream le Samedi 19 mars 2011 à 23:09
J'aime beaucoup le commentaire de "suspendue", sur le "moi de l'écriture" et le "moi spectacle".
 

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