Blaise consulta sa montre, hésita une seconde car il se faisait tard, puis s'engagea sur le chemin. C'était d'ailleurs mieux qu'un chemin; la voie semblait carrossable et d'une facture plutôt soignée. Elle menait droit au fleuve. Blaise pensait savoir où. Un peu plus loin, en effet devait se trouver un groupe de trois ou quatre maisons construite à proximité d'un vieux moulin. A cet endroit, autrefois, un homme faisait passer le fleuve sur sa barque. Le chemin que Blaise suivait devait être celui qu'empruntaient les chars qui portaient le grain et revenaient ensuite avec la farine. Il y avait si longtemps de cela !
Il allait arriver à l'emplacement du moulin. Il pensait n'y trouver que des ruines broussailleuses et fut surpris de longer un verger, un jardin enclos et soigneusement entretenu, puis des bâtiments assez vieux mais nullement délabrés. Il avisa même une vieille pièce de cinq francs d'avant l'euro, égarée sur le chemin. Il la ramassa et la rangea dans sa poche.
Il parvint enfin à la hauteur d'une auberge, tout à fait inattendue. Sur la terrasse, justement, on donnait une fête. Les tables de fer avaient été rangées en fer à cheval sous la marronniers. Elles étaient toutes occupées. Juste à côté, une piste de danse : un accordéoniste jouait sur une petite estrade, quatre ou cinq couples dansaient, presque immobiles. De l'autre côté du chemin, le fleuve. Une barque était amarrée. Tout de même pas celle du passeur ! Le fleuve était gris et paraissait froid.