Et lui, il se sentait léger, plus léger que la neige même. Il quitta ses raquette et s'engagea sur le chemin, d'un pas dansant. Qu'elle était facile, la montée ! Les trois jeunes filles couraient devant et l'encourageaient :
« Allons, plus vite ! Mais surtout, ne nous quitte jamais des yeux, jamais ! » Le chemin se construisait sous son regard, à l'endroit précis que foulaient les pieds nus des trois jeunes filles, plus gaies, plus vives, plus excitées à chaque pas.
Tu veux un tapis de neige? Le voici. Tu veux des éclats de lumière ? En voilà. Il courait sans s'essouffler et pourtant peinait à suivre le trio coloré. La plus petite se retournait et lui tendait la main, il se hâtait pour l'attraper, mais elle repartait à toute allure. Elles se moquaient de lui, mais qu'importe…
Soudain, un cri déchira l'espace. Cela venait d'en bas… C'est lui qu'on appelait.
Il détourna la tête une fraction de seconde, se souvint aussitôt de l'avertissement : ne pas les lâcher des yeux, jamais.
Trop tard ! Elles avaient disparu.
L'appel fut répété, il se retourna, brutalement réveillé. Sous ses pieds, il n'y avait plus aucun chemin, ni derrière, ni devant. Rien que la gueule ouverte du réel qui se venge.
La chute ne dura guère.
Je parle pour moi ^^