Lundi 24 septembre 2007 à 19:05


Il y a des gens qui disparaissent d'un jour à l'autre. Ils étaient indispensables là où ils étaient, à leur travail, dans les quatre murs de leur maison, au bistrot du coin. Et voilà que, sans crier gare, ils disparaissent. D'eux, plus rien ne subsiste, même pas un cadavre, On croit qu'ils sont devenus fous. On aimerait qu'ils le soient, parce que tirer ainsi sa révérence, ça fait peur. Pourtant, ils vont bien quelque part. Prenez Dieu, par exemple.
Ça fait bien longtemps que personne ne l'a aperçu à sa place habituelle, que personne ne l'a entendu, que ses zélateurs déconnent. Et s'il en avait eu marre, tout simplement ?
C'est curieux tout de même, on n'imagine pas un dieu qui disparaîtrait un beau jour, qui tirerait un trait sur sa divinité, qui déciderait que décidément les dieux peuvent aussi bien ne pas exister et qui, mettons, viendrait s'établir aux frais de la Sécu dans un modeste HLM de banlieue. Imaginez quelques fidèles – c'est le cas de le dire – qui l'auraient connu du temps qu'il était Dieu et qui l'auraient suivi, pas tellement par dévotion, mais par sympathie, comme on peut rester attaché à un souverain en exil. Ils lui apporteraient de temps en temps une bonne bouteille et, lui, il raconterait de vieux souvenirs du temps de l'éternité.
Pour tout le reste, il serait devenu un de ces personnages sans relief, une de ces ombres que l'on croise dans la rue. Ces ombres, je suis sûr que jamais vous ne nous êtes demandé qui elles représentent, parce qu'il vous importe qu'elles ne restent que des ombres, des êtres fortuits, non nécessaires, les intermittents du spectacle de votre vie.
Imaginez Dieu qui se rendrait à l'église après le tiercé, comme ça, rien que pour se marrer !


Par soft-snow le Lundi 24 septembre 2007 à 20:24
Un jour j'écrirai comme toi, même si ça prend 1000 ans pour y arriver, et même si pour ça j'en ai le poignet qui se rouille à force d'entraînement.
Ces derniers temps en te lisant, ça m'a trop fait penser au recueil "Les petites mécaniques" de Claudel. Si tu ne l'as pas lu, jette-toi dessus, je pense que tu aimerais ses nouvelles, c'est bourré d'imagination et de profondeur, et parfois la chute choque. Ou parfois rien ne choque, et c'est ça qui choque.
Par Plaiethore le Mardi 25 septembre 2007 à 18:17
J'ai serré la main de nombreuses ombres, choisies à l'instinct. J'en serrerai encore... sauf celle de dieu.
Par lagrandemymy le Mardi 25 septembre 2007 à 21:34
Je suis tellement d'accord avec soft-now (je cherche encore une sujet pour lequel je ne suis pas d'accord avec elle de toutes manières) que je ne sais plus trop qu'en dire. Il est plus qu'agréable de lire tes commentaires, constructifs et empreints de cette culture qui fait donne à ce monde quelque chose que les autres n'ont pas tous... Merci.
Par maud96 le Mercredi 26 septembre 2007 à 0:02
Mais sais-tu que ce vieux Dieu s'y est rendu, à l'église, après le pastis, et qu'il a trouvé çà tellement ennuyeux qu'il est revenu au bistrot : le soir, tout le village l'a entendu, ivre, chanter dans les rues des chansons désespérément paillardes !
 

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