Mercredi 27 septembre 2006 à 19:24


Il range sa bibliothèque ; il contemple ses livres et se dit : quatre ou cinq kilos de bon savoir, pour mieux scientifier le monde, pour mieux économifier et sociologifier la vie des hommes, pour linguisitifier le langage, pour mieux gérer le gérable et canaliser l'ingérable, pour apprendre à faire saliver le consommateur, pour se croire peu plus habile ou un peu moins impuissant face au reste du monde et un peu plus performant dans la Grande Compétition : des atouts, ça, des objets utiles !


Il tombe sur un recueil de poèmes. Qu'est-ce c'est que ça ?  Et ça lui revient: les leçons de français, ces romans, ces pièces de théâtre, ces poèmes… Il avait été bon élève, pourtant ;  il avait cherché à prendre le prof au mot, il avait essayé de faire comme si c'était passionnant. Jamais rien ne s'était produit : c'était chiant, un point c'est tout. Les poètes surtout, qui n'expliquent rien, qui ne prouvent rien, qui font exprès de dire n'importe quoi, qui font des manières, qui refusent de dire simplement les choses simples.

A la poubelle les poèmes !

Et il faudrait que, moi, je lui dise – pire, que je lui prouve - qu'il a tort ? Je n'ai même pas la possibilité de faire semblant, de prendre des mimiques inspirées, de me donner l'air de planer le livre à la main, comme son prof le faisait peut-être. Il faut que je sois sincère.
Il y a un sacré problème en effet : il ne s'agit pas d'aller le rencontrer sur son propre terrain, et d'échanger des arguments ; il s'agit de lever le voile sur une dimension essentielle de la vie qu'il ne perçoit plus, qu'il n'a peut-être jamais perçue et qui, de ce fait, ne lui manque absolument pas !

Souhaitez-moi bonne chance !


Par Plaiethore le Mercredi 27 septembre 2006 à 23:31
Bonne passion !
Par maud96 le Samedi 30 septembre 2006 à 16:17
"linguistifier"... non ? (manque le i)
Il y a du "fiable" là-dedans, du rassurant... c'est vrai que du fiable au friable s'introduit un "r" revêche, râleur, insécurisant. Musique et poésie, si friables et délicates, qui exigent effort et apprentissage de leurs fidèles, rebutent...
Ce n'est pas mon cas, mais je suis effrayée de voir toutes celles qui, parce qu'entrées en Prépa, ont dû abandonner qui le piano, qui la harpe, qui leur blog si poétique...
Par capric3-dun-j0ur le Dimanche 1er octobre 2006 à 18:53
Les poètes c'est des fous. Ils écrivent n'importe quoi et toi tu dois chercher quelle figure de style et quel est le vrai sens de leurs textes. Fiou je serai fière quand je réussirai a le faire toute seule.
Par soft-snow le Vendredi 17 novembre 2006 à 22:52
Ouvrir les yeux à quelqu'un. C'est dur. Il faut connaître les mots qui le toucheront...et ces mots varient, d'une personne à l'autre, d'une époque à l'autre. On persuade souvent par hasard...
Par monochrome.dream le Vendredi 26 novembre 2010 à 22:54
Ne désespère pas : en vieillissant, certains finissent par aimer les épinards.
Mais je ne sais pas si on leur explique comment faire.
 

Ajouter un commentaire









Commentaire :








Votre adresse IP sera enregistrée pour des raisons de sécurité.
 

La discussion continue ailleurs...

Pour faire un rétrolien sur cet article :
http://que-vent-emporte.cowblog.fr/trackback/1176857

 

<< Page précédente | 1 | 2 | 3 | 4 | 5 | Page suivante >>

Créer un podcast