Jeudi 10 avril 2008 à 21:25
Toutes ces choses qui se donnent la peine d'exister et que personne ne voit ni ne verra jamais, ces fleurs inconnues qui, à l'insu de tous, s'évertuent à être belles, ces joyaux qui dorment sous la terre, les replis secrets du monde : c'est comme si tout cela n'existait pas.
« Alors à quoi bon vous donner tant de mal ? » criait Brume du fond de son absolue solitude à toutes les êtres invisibles, cachés, ignorés.
« Et à quoi bon crier ? » songea Brume aussitôt.
Ce qui ne l'empêcha pas d'adresser une pensée muette à toutes les planètes invisibles, à tous les mondes inconnus, aux mille et une dimensions insoupçonnées de l'univers.
Et puis il s'assit, réfléchit un petit moment, et se dit : « Que lui importe, à la fleur, qu'on la regarde ou non ? Que lui importe d'être belle ? Nous seuls supposons que la beauté puisse appartenir à l'être de la fleur, parce que, l'être d'une fleur, cela ne concerne que nous. La beauté de la fleur se trouve en notre regard et nulle part ailleurs. L'être de la fleur, c'est le regard que nous portons sur elle. Voilà tout. »
Et il se remit en chemin.
« Tout de même, se disait-il en marchant, tant de choses existent assurément, dont nous n'aurons jamais la moindre notion. Des choses parfaitement réelles et qui pourtant ne comptent pas. En revanche, tant d'autres nous hantent, nous terrifient, nous envahissent ou nous émerveillent, qui n'existent pas et n'existeront jamais. C'est comme si nous n'en avions que le regard. Mais cela suffit pour rendre effrayant le loup dévoreur d'enfants ou la sorcière dans le placard à balais, pour faire aimer la princesse des contes, pour qu'on pleure au souvenir de l'ami imaginaire à qui l'on a confié tant de secrets. Cela suffit pour que me manquent tous les poèmes sublimes que je n'ai pas écrits, les actes d'héroïsme que je n'ai pas su accomplir, mes espérances déçues, mes occasions perdues.
Et tous les personnages des romans, les pays imaginaires, les divinités déchues...
Tant de choses qui n'existent plus ou n'ont jamais vu le jour et qui pourtant pèsent de tout leur poids fantasmatique sur le cours de notre vie !
Et moi-même, plus imaginaire que réel, qui toujours échappe à mon propre regard !
Commentaires
Par lagrandemymy le Jeudi 10 avril 2008 à 21:29
... M. Brume, décidément (je me plais à croire que tu écris trop peu, mais je ne suis pas vraiment apte à "juger d'une norme" surtout en terme d'écriture !).
Par Vendredi 11 avril 2008 à 12:23
le Mr Brume se remit en chemin. Nous, en le voyant aussi serein, on se disait qu'il ne savait peut-être pas exactement où il allait, du moins allait-il, et quelque part avec ça. Ca nous a scotchés, ça : un type qui vagabonde dans la brume en continuant à croire en quelque chose, en admettant l'absurdité de la vie, en l'intégrant, en ne la dépassant jamais mais en se dépassant en elle.
On le prendrait presque pour modèle, s'il existait.
On le prendrait presque pour modèle, s'il existait.
Par Vendredi 11 avril 2008 à 19:36
le C'est comme moi : je phantasme sur mes correcteurs et examinateurs, que j'imagine retors, sourcilleux, exigeants et pinailleurs...
Sûrement qu'ils sont extrêmement gentils... mais je ne réussis pas à vaincre mes phantasmes ! Je reste hantée !
Sûrement qu'ils sont extrêmement gentils... mais je ne réussis pas à vaincre mes phantasmes ! Je reste hantée !
Par Samedi 12 avril 2008 à 10:34
le Je crois que c'est le texte de M. Brume le plus beau, le plus expressif, le plus complet, le plus philosophique, le plus approchant de ce qui se passe au fond de moi (liste non exhaustive) que j'ai pu lire depuis que je suis tes merveilles de mots.
Dis, comment arrives-tu à ce genre de trésors ?
Dis, comment arrives-tu à ce genre de trésors ?
Par Lundi 14 avril 2008 à 12:32
le Hé bien oui, dans un sens c'est notre regard qui crée notre vie, comme si tout dépendait de nous même, de nos idées, de nos envies, de nos volontés, cela me redonne du courage pour aujourd'hui j'en avais bien besoin merci.
Par Mardi 15 avril 2008 à 23:09
le Notre regard, médiateur. Et si le regard des autres disparaissaient de la surface de ma peau, cesserais-je pour autant d'exister ? Existe-t-on par autrui, ou sommes nous des êtres vivants avant d'être existant ? La subjectivité et l'inter-subjectivité. (Je me suis perdue en chemin.)
Par Mercredi 16 avril 2008 à 13:45
le Il y a toujours du mouvement ici. Mr Brume a de bien profondes réflexions, on pourrait presque s'y perdre, mais il continue sur son chemin, il avance, toujours. Je le féliciterais bien pour ses mots percutants, ses questions soulevées si intéressantes,et le remercierais volontiers pour de tels échos. Mais là où je trouve admirable ce personnage, cette représentation humaine qui s'offre à nos regards, à nos yeux lecteurs et à notre imagination, c'est dans sa capacité à avancer malgré ces évidences qui se dévoilent à lui et malgré cette absolue solitude. Il se remet en chemin. Ce n'est pas comme s'il avançait automatiquement, de manière continue. Non, il s'arrête. Qu'est-ce qui le pousse à se relever ? Est-ce une conviction intérieure, un rendez-vous, un orage qui menace à l'horizon ? Ou peut-être quelques fleurs là-bas qu'il veut embellir de son regard ?
Toujours est-il que je me demande, ce chemin, existe-t-il bel et bien, ou est-il créé à chaque pas de Mr Brume ?
Toujours est-il que je me demande, ce chemin, existe-t-il bel et bien, ou est-il créé à chaque pas de Mr Brume ?
Par Jeudi 17 avril 2008 à 16:59
le Oui c'est vrai, la beautée ne regarde que nous et ne concerne que nous...
Par Vendredi 18 avril 2008 à 18:48
le hello, je repasse enfin sur ton blog qui toujours aussi sympas et jolie à voir!
Tes textes sont toujours très interressant !
Repasse quand tu veus
@++
Tes textes sont toujours très interressant !
Repasse quand tu veus
@++
Par Dimanche 20 avril 2008 à 23:25
le 17h : je viens de rentrer et ai trouvé ton com. Merci... Les bancs publics étaient vraiment trop occupés cette après-midi, c'est vrai ! ...et par des familles bruyantes... L'important est de sortir des murs de sa piaule pour ne pas devenir dingue ! Bonne semaine, malgré froidures et pluies (à croire ce qu'on m'a téléphoné aujourd'hui).
Par Mardi 22 avril 2008 à 21:48
le Merci pour cet article! Je me rappelle encore de ces premier commentaires. Celà fait un peu plus d'un an maintenant! Je me plait à suive ce blog que je trouve très apaisant. J'espere que celà durera encore longtemps! Longue vie!
Par Mardi 22 avril 2008 à 21:49
le Je me suis trompée d'article! Misère! En fait, le commentaire si dessus allait sur le dernier article! Milles pardons!
Par Dimanche 5 avril 2009 à 11:33
le Au fond, ce que tu écris là, c'est la subjectivité. C'est la manière dont on perçoit le monde, c'est cette représentation inépuisable qui nous mène par le bout du nez. Dis, tu crois que ça fait quel effet, si on la déconstruit, si à force de vouloir la défaire, on la perce et qu'on aperçoit un bout de la réalité abrupte, derrière ?
Par Dimanche 5 avril 2009 à 11:33
le (c'est bête ce que je dis, je crois que la subjectivité, elle est là dans chacun de tes mots)
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