Samedi 16 juin 2007 à 18:20


Décidément, Que-vent-emporte est un fumiste ; et vous, des naïfs, parce que vous le prenez au sérieux.

Est-ce que vous avez déjà vu souvent des gens en pyjama qui creusent des trous à quatre heures de l'après-midi pour trouver le sens de la vie ? Est-ce que vous avez même vu ça seulement une fois ? Je parie que non.

Et pourquoi ?
Parce que chercher le sens de la vie, c'est casse-pieds au possible et ça ne sert absolument à rien.
La vie, c'est automatique ; ça vous est collé sur le dos avant même que vous soyez capable de vous en apercevoir et ça fonctionne tout seul, qu'on lui donne un sens ou qu'on ne lui en donne pas. A la naissance, vous vous retrouvez avec une belle pile Duracell dans le ventre et hardi petit ! votre cœur fait tic tac et, comme les peluches de la pub, vous suivez votre chemin. Bien sûr, quand la pile a craché ses derniers électrons les autres vous retrouvent à plat ventre sur le carreau, mort comme une merguez, mais cela ne vous concerne plus. Et, tant que ça durait, sens ou pas sens, la vie exécutait son petit tour de piste.
Autrefois, dans les temps héroïques, quand il fallait trimer 20 heures par jour, subir douze invasions barbares et quinze épidémie de peste dans l'année, être coursé par les ours, bouffé par les loups, grignoté par les rats, et même rôti par des dragons fumants, on pouvait bien se poser des questions, se demander si ça valait la peine de crever de faim, de grelotter tout l'hiver, d'avoir tout le temps mal aux dents et de patauger dans la boue. Alors là, rien que pour savoir s'il ne valait pas mieux en finir tout de suite, on pouvait bien s'interroger sur le sens de la vie.

Mais maintenant qu'on a le chauffage central, la télé, le MacDo et Nicolas Sarkozy, la vie, est devenue une partie de plaisir, une occasion unique de s'éclater, de faire du fric, je jouer à l'enfant, dans un maxi-super parc de loisirs bien organisés et pas si chers que ça. Ne te prends pas la tête ! Laisse-toi conduire là où ça te mène. Du côté où ça penche, c'est là qu'il faut aller. Avec TF1 ou sur MSN, tu ne verras pas le temps passer. Tu ne feras rien d'utile, mais tu ne t'en apercevra même pas et tu ne mettras pas ta vie en danger. Tout le secret de la civilisation est là.

Vachement astucieux, la civilisation.
Une organisation d'enfer. C'est réglé comme du papier à musique. Tu passes les trente premières années de ta vie à te trouver une place dans la grande machine à produire. Tu lui fais les doux yeux, elle te fait patienter, tu perds tes illusions, tu galères, tu finis par accepter le boulot le plus lamentable, tu te demandes même si tu seras à la hauteur et, à la fin du compte, quand tu as ravalé toute ta fierté et définitivement enterré tes rêves d'enfant, tu remercies le ciel d'être encore en piste et de ne pas faire la manche à la sortie du métro. Dans ces conditions, le sens, il est facile à trouver, c'est celui de la marche et il est unique. Ça ou rien. Aucune raison de faire le philosophe.

D'autant plus qu'il y a la récompense. Tu ne voudrais tout de même pas être assez con pour qu'elle te file sous le nez, la récompense ! Quand tu as passé par le grand laminoir, que tu as sacrifié tes ambitions mais que tu commences à gagner des sous, tu gagnes aussi le droit de te racheter une vie, une apparence de bonheur, un ersatz d'espérance. Il suffit de faire le tour de la grande machine, en suivant l'écriteau « consommation ». Tu t'abonnes, tu paies et ça te chie une existence aux petits oignons : un peu minable, mais sans surprise ; du bonheur industriel à la tonne, joli côté pub, médiocre côté réalité, mais accessible tout de suite et qui colle à tes désirs, comme le nutella au goût des enfants. Pour te dispenser de perdre ton temps à t'inventer un destin, on t'en fournit un tout fait, plug and play.

Comment est-ce possible ? tu demandes.
Pour soigner les maladies, on a inventé un arsenal de pilules ; la misère physique des hommes est une aubaine pour ceux qui ont su en faire un marché, et ça fonctionne : les malades sont un peu moins malades et les industriels s'enrichissent. C'est exactement la même chose pour les brûlants désirs, les ardeurs métaphysique, les élans mystiques. Quand un bébé pleure, on ne spécule pas sur ses doutes existentiels ; on lui colle une tétine dans la bouche et il se calme. Les philanthropes d'aujourd'hui ont compris qu'au vague à l'âme, au manque, au désir qui ne sait pas ce qu'il désire, on pouvait toujours répondre par un choix judicieux de hochets. C'est le marché de la vie. Tu paies et on te fourre plein de jouets dans les mains, des bonbons dans la bouche, du spectacle dans les yeux et de la musique dans les oreilles. L'astuce, c'est qu'on te donne les réponses qui te conviennent avant même que tu aies le temps de poser les questions. Alors,  tu ne risques plus de te confronter à l'obscurité de la nuit, au silence de ton cœur, à la sécheresse sublime des lettres alignées sur la page blanche.
Le spectacle est partout, la musique ne s'arrête jamais, le look vaut pour une personnalité, mille écrans t'offrent à journée faite le visage du bonheur.
Et, de temps en temps, un petit coup d'œil bien formaté sur le vaste monde, pour te faire froid dans le dos et  pour que tu n'ailles pas mépriser ton doux confort. Boudiou, ce qu'on est bien chez soi !
Tout ça, juste assez bon marché pour que tu te croies capable de te le payer à condition de mettre le turbo au boulot, et juste un poil trop cher pour que tu salives un brin : ça entretient l'envie. Une dose modérée de frustration, ça aide à penser au lendemain, ça organise le temps, on achète plus et la vie passe plus vite.
De toute manière, ça ne dure jamais que quelques décennies. Une existence, c'est plutôt facile à meubler. Un peu de bruit dans ta tête, de brume dans ton cerveau, du spectacle plein les yeux : c'est bien assez pour une vie d'homme.

Alors, oubliez les quêteurs de sens.
Avec ses grands discours, Que-vent-emporte, il se fout de la gueule du monde et de la vôtre avec. Rentrez chez vous, il n'y a rien à voir. Mais n'oubliez pas d'aller voter dimanche.
Faudrait surtout pas que ça change !


                                                                        Barnabé


Par prOout-pOouet-pOouf le Samedi 16 juin 2007 à 20:16
osez sans crainte =).
je fais face, fuire ne sers à rien.Je prefere affronter mes choix, que de les fuirs.
fuir signifie ne pas vivre savie comme elle l'est, mais changer de vie chaque fois qu'un probleme se présente.
ca n'a pas de sens, comment grandir et apprendre si on ne fait que fuir.
Par Ne.p4.pill0n le Samedi 16 juin 2007 à 20:58
Je me prends ces mots dans la gueule. On m'agresse, on m'étouffe, on m'enferme, on m'espionne, on me suit.

Non mais, c'est sûrement parce que je suis triste.
Par Ne.p4.pill0n le Samedi 16 juin 2007 à 20:58
Oh et puis, j'en ai marre de parler tout le temps de moi.



Ca va plus la.
Par soft-snow le Samedi 16 juin 2007 à 21:06
Barnabé s'entendrait bien avec Pascal le philosophe. Sauf qu'ils se cracheraient dessus.
Par soft-snow le Samedi 16 juin 2007 à 21:21
Oui avec Pascal :)
Je développerai plus tard si tu veux bien pcq là je ne suis pas trop en état de nuire^^
Bonne soirée, et à bientôt :)
Par prOout-pOouet-pOouf le Samedi 16 juin 2007 à 21:32
lora dis après avoir lu tout ceci, que barnabé n'a pas tort, et qu'elle a l'air bien conne avec son dernier commentaire =)
mais après tout on s'en balance le coquillard du sens de la vie, du moment qu'on la vie bien.
non?
Par prOout-pOouet-pOouf le Samedi 16 juin 2007 à 21:46
dasn ma gare a moi, elle l'est =)
sache que j'écris mes textes sur des calpins, et que du coup, ca m'arrives de les retapper sur cow.donc ca peut aller très vite , meme si ils n'ont aucuns rapport entre eux et parfois plusieurs jours d'écart.:)
Par maud96 le Samedi 16 juin 2007 à 21:48
Il ne manque pas de ressort, Barnabé, ce soir ! Quelle diatribe... et en plus tout est juste !
Pour ton dernier com à propos de mon conte où il est question de montre... comment as-tu deviné ce que je ne voyais même pas en imaginant ce conte ? C'est évident pourtant, si j'y pense : ma "valve" fait des ratés ces temps-ci, et je l'entends bien la nuit, parce qu'elle résonne plus qu'un tictac quand je suis au lit... Finalement, ce conte "métaphysique" n'est qu'une vulgaire transposition d'angoisse personnelle que je n'ose m'avouer... Merci de m'avoir éclairée...
Par with-the-light-out le Dimanche 17 juin 2007 à 19:07
*sourit au commentaire de la chevrette*
Oui il a l'air plutôt remonté ce soir .. le barnabé .. et assé pour faire une faute .. conjugaison et premier groupe en plus .. *sourit de nouveau* .. Oui il a l'air plutôt remonté ce soir .. mais il ne dit pas que des mensonges dans son long discour.


( ^__^' et les loups ils étaient grooooooooooos comme ca : [ ] )
Par ploukah le Dimanche 17 juin 2007 à 23:36
Y'a du vrai là dedans ...

J'ai pas été voter aujourd'hui. Pas de force physique même pour faire mon devoir de citoyenne. Je sais c'est triste !

^_^
Par lagrandemymy le Lundi 18 juin 2007 à 21:43
Ptdr ! Si ça n'est pas mieux c'est moins fatiguant ! et j'adore cet article !
Par maud96 le Lundi 18 juin 2007 à 21:56
Finalement, je ne suis moins catastrophée du résultat du vote que je ne le craignais... Les français sont moins moutons qu'on ne pouvait le craindre, et Sarko ne sera pas Roi, même si sa famille prétend s'installer à Versailles !
Par LaPetiteSarthoise le Lundi 2 juillet 2007 à 13:59
pfiou ! Faut être en forme pour lire ton blog. Coup de massue sur coup de massue, contradictoires mais qui touchent aussi juste l'un que l'autre...
Par monochrome.dream le Jeudi 10 mars 2011 à 14:34
Mais Barnabé ! Moi je n'ai pas envie de vivre au rez-de-chaussée de l'Humanité !
 

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