J'aurais mieux fait de rester au lit
Ce matin, je me suis levé tôt pour aller sonder la réalité. Je l'ai trouvée contradictoire et molle. Comme d'habitude.
Et alors ?
Je n'aime pas ça, parce que personne n'accepte facilement que la réalité soit contradictoire et puis aussi parce qu'une réalité molle se prête à toutes les manipulations. Rien de plus simple que de forcer le contraste, de lessiver toutes les nuances, de jouer le noir contre le blanc ou l'inverse et de monter un décor, une apparence :
Les démagogues excellent dans cet art, mais aussi, et surtout, les marchands de soupe.
Qu'il est facile de faire croire que tous les musulmans sont fanatiques, tous les jeunes incultes et tous les Français fans de foot ! Nous avons tellement envie de creuser notre petit trou dans une réalité simple ! Peu importe si l'on efface du même coup les millions de musulmans qui n'ont rien à voir avec le fanatisme, les milliers de jeunes qui lisent, se cultivent, écrivent, et… les trois Français qui n'ont pas vu la finale de la coupe du monde ! On manipule nos représentations et c'est comme si l'on faisait vraiment basculer la réalité.
Assez sur les manipulateurs et leurs techniques ! Une chose me choque encore plus, c'est l'incroyable démission des parangons de la culture, de tous ceux qui pleurent la disparition du grec et du latin, s'indignent du désamour pour les classiques, se lamentent sur la perte des repères et la montée de l'illettrisme.
Plutôt que de mouiller vraiment leur chemise, ils préfèrent le refuge du débat, les échanges d'arguments à l'abri des faits ; ils préfèrent s'interroger sur ce qu'il faudrait faire plutôt que de se mettre à l'ouvrage ; ils aiment mieux polémiquer contre un adversaire réel ou imaginaire plutôt que d'agir. C'est qu'ils n'ont pas envie d'agir : ils préfèrent passer leur temps à se chercher des raisons de le faire.
J'entendais à la radio des intellectuels éminents pousser des lamentations de cocus : les jeunes ne s'intéresseraient plus à la littérature et ils endommageraient gravement la langue française en écrivant n'importe comment dans leurs blogs… Mais si, au lieu de pleurnicher, au lieu de se barricader dans leurs institutions, ils venaient nous en parler de la littérature, s'ils venaient simplement ici nous en donner l'envie ! Ils sont tellement bégueules qu'on finit par se demander s'ils y tiennent vraiment, à leurs valeurs, et si ce n'est pas un genre qu'ils se donnent, leur look à eux en quelque sorte.
Pour répondre à ton com, je suppose que tu parles de la Savoie et de la Suisse. Pour les Suisses, il est bien possible que beaucoup de leurs expressions aient "pénétré" le langage Québécois. Ils ont en effet été ici très tôt ! voir ici : http://www.thecanadianencyclopedia.com/index.cfm?PgNm=TCE&Params=f1SEC858583" onclick="window.open(this.href); return false;">http://www.thecanadianencyclopedia.com/index.cfm?PgNm=TCE&Params=f1SEC858583