Vendredi 10 novembre 2006 à 17:23
Blaise franchit le portail de la terrasse. Sous ses pieds, le fin gravier faisait entendre une sorte de froissement frais et mouillé. Blaise s'assit à la table des vieillards, sur la seule chaise encore inoccupée. La table était dans l'ombre, une table de métal, verte. De sa place, il pouvait observer à sa guise toute l'assemblée. Des hommes, des femmes, quelques enfants calmes, extraordinairement calmes. Il régnait un grand mélange de tenues et de modes, mais ce n'était pas un bal costumé. Toutes les femmes portaient une robe ou une jupe ; la plupart des hommes avaient l'air de paysans endimanchés.
La nuit tombait, deux adolescents sortirent de l'auberge et vinrent allumer des lampions autour de la piste de danse. Une guirlande d'ampoules électriques courait au-dessus des tables.
Les gens faisaient très peu de bruit, on n'entendait ni cris ni éclats de rire, mais leurs yeux brillaient; ils paraissaient tous extraordinairement concentrés. Et puis, assise seule à la table qui unissait les deux barres du U, il y avait cette femme, une jeune femme extrêmement belle. Elle laissait errer son regard en direction du fleuve maintenant plongé dans l'ombre. Ses cheveux blonds tirés en arrière étaient rassemblés dans un chignon ; elle portait une robe lilas, un châle gris ; ses lèvres peintes contrastaient vivement avec son teint pâle. Mais ce qui frappa Blaise, surtout, c'étaient ses yeux, des yeux très grands, très clairs. Elle ne parlait avec personne.
On servait un vin couleur de feuilles mortes, presque lumineux dans les verres. Une serveuse en jupe noire déposait des carafes sur les tables, sans dire un mot. Sous ses pieds, le fin gravier de la terrasse faisait entendre une sorte de froissement frais et mouillé.
Commentaires
Par monochrome.dream le Mercredi 8 décembre 2010 à 21:33
La jeune femme, je ne l'aime pas du tout.
Ajouter un commentaire
La discussion continue ailleurs...
Pour faire un rétrolien sur cet article :
http://que-vent-emporte.cowblog.fr/trackback/1326137