Le jour suivant, il décida de partir beaucoup plus tôt et de s'arrêter un peu avant le sommet. Il s'accroupit sous le couvert des sapins une centaine de mètres plus bas et observa très attentivement le terrain en pente et ligne de partage encore incertaine de la neige et du ciel. Il faisait nuit, le silence était parfait, on n'entendait qu'un léger souffle de vent qui soulevait par endroit de minuscules nuages de poudreuse.
De longues minutes passèrent, le ciel s'éclaircissait progressivement. L'homme n'aimait pas rester sur place, mais il se força. Il se concentra tellement qu'il finit par voir apparaître deux hermines, juste à l'endroit qu'il fixait, comme si ces deux animaux agiles et facétieux étaient nés de son propre regard. Blanches comme la neige elles semblaient danser, sans toucher le sol. D'un coup elles disparurent et il n'y eut plus rien à voir. Le temps s'écoulait pour rien ; il faisait froid ; la neige fondait sur les vêtements ; l'humidité commençait à percer. Inutile de persévérer. L'homme renonça même à terminer son ascension et redescendit rapidement. Il avait une idée en tête.