Mercredi 30 août 2006 à 23:20


Qu'est-ce qu'on peut bien faire dans une communauté de blogueurs quand on affiche en gros quatre fois l'âge de la plupart des autres membres ? La question doit en titiller quelques-uns ; manque de pot, je ne suis pas en mesure de les éclairer car, je me la pose aussi.

Pourtant, découvrant la « blogosphère », atterrissant par hasard sur un site de Cow, j'ai compris deux choses : j'aurais mon blog et ce serait là.
La jeunesse de l'immense majorité des membres ne m'a pas échappé, mais cela me paraissait alors sans importance. Ce que je voyais surtout, c'était la très grande diversité des blogs, leur vigueur, leur sincérité et, beaucoup plus souvent que je ne pouvais l'imaginer, la qualité de leur écriture. De plus, les blogs fortement reliés entre eux sur Cow, interagissent continuellement et  donnent lieu à une création en réseau, que je trouve passionnante.
De leur côté, les blogs « adultes » me semblent trop professionnels ; trop souvent ils sont le fait de gens qui pensent avoir un avis à donner une compétence à faire valoir. Sur Cow, on trouve une écriture ouverte, qui découvre son chemin au fur et à mesure qu'elle avance, qui promet plus qu'elle ne démontre, parce qu'elle est recherche de soi, et c'est cela que j'aime. C'est aussi une écriture de l'émerveillement, une métamorphose poétique du quotidien, qui extrait de la banalité des jours tout ce qui peut faire sens. Bien sûr, tous les blogs de Cow ne se situent pas à ce niveau-là, mais j'en découvre presque tous les jours.

Je suis convaincu que les questions de l'adolescence sont les vraies questions de la vie, qu'elles ne trouvent jamais de réponse, qu'elles ne doivent pas en trouver. A soixante ans, si l'on est vraiment sincère, on doit admettre que sur le fond on n'est pas plus avancé qu'à seize, et c'est tant mieux. Bien sûr, la vie se charge de nous occuper, on est actif, on crée des choses, on se donne de l'importance, on trouve des causes à défendre, mais ce n'est qu'un jeu (la question n'étant que de choisir le plus beau jeu, celui qui donnera le plus de sens au temps qui passe). Les plus « heureux », ceux qui pensent être arrivés, ont seulement trouvé une manière efficace de repousser indéfiniment les échéances, de se distraire, de lâcher la proie pour l'ombre.

Je ne crois pas être capable d'écrire comme certains le font sur Cow. La plume est usée, la main trop lourde, la mémoire trop chargée d'erreurs corrigées, de pièges déjoués, de formules toutes faites. En revanche toute phrase neuve, toute parole vraie et, si souvent, la musique des mots, me donnent envie de rester, à l'écoute, ici et pas ailleurs.


Par nombrilique le Mercredi 30 août 2006 à 23:28
Superbe article !
rien a ajouter, tout est écris !
J'ai 15 ans, apparement vous en avez 60.
Seul petit hic, je ne vous tutoie pas facilement. :)
Par capric3-dun-j0ur le Jeudi 31 août 2006 à 13:12
** Rien a redire..
** Toujours autant de plaisir a lire ici..
Par maud96 le Jeudi 31 août 2006 à 23:34
Je n'ai jamais dit que je quittais mon blog... mais que j'y serais moins présente. Merci de ton com... et je me sens si peu responsable de ta venue sur le site de Cow que je dénie toutes conséquences fâcheuses à ta venue sur le site de Cow. Mais j'acquiesce à ton analyse ! Bisous outreAtlantiques !
Par LaFayette le Mercredi 6 septembre 2006 à 10:31
Bien bel article !
Joli coup de plume,l'ami !
Par obscurlotus le Mercredi 6 septembre 2006 à 11:28
Je me pose les même questions et je suis tout aussi ravie d'être ici! J'espère que tu seras pas trop déçu de te trouver dans mes favoris à partir de maintenant!
;-)
Par cOraly le Vendredi 8 septembre 2006 à 15:12
P'tit à p'tit, je découvre ce cow et je ne suis pas déçue! J'aime la légèreté de l'écriture, on sent le vécu derrière, peut-être même un peu de sagesse (?), et c'est assez apaisant.Je repasserai sans hésiter et je suis contente que des blogs comme le tien (le vôtre?...) existent.
Par Plaiethore le Jeudi 14 septembre 2006 à 11:30
Une plume d'expérience et belle de surcroit est le total contraire de la lourdeur.
Tu as ta place ici. Plus que beaucoup...
Par soft-snow le Samedi 11 novembre 2006 à 22:05
Et tu as raison de rester parmi nous. Cow, c'est une chance énorme. C'est l'accès à l'expression des autres, aux questions qu'ils se posent, aux solutions qu'ils y trouvent. C'est une liberté, celle de donner son avis pour peu qu'il soit justifié et constructif, même s'il est brouillon ou mal rédigé. C'est aussi, et enfin, un exutoire pour certains ; un loisir pour d'autres ; une fierté, enfin, pour ses ambassadeurs (que nous sommes tous !).
Et les adultes sont foule sur cow, bien qu'ils se manifestent moins en commentaires ou tag, de par le recul qu'ils ont acquis. Ce sont eux je crois, qui nous apprennent à ne pas foncer tête baissée sur la première phrase qui nous vient à l'esprit. Et lire leur blog, sais-tu, c'est comme monter sur un piédestal : on a d'un coup l'expérience avec nous. L'expérience, facteur de survie paraît-il (ce sont des scientifiques qui l'ont dit : selon leur étude, plus l'on vieillit, et moins on a de chances de mourir !...).
Par M. le Lundi 13 novembre 2006 à 18:16
Cet article là me plaît tout particulièrement. C'est quelque part un hommage au travail de Darkmoon, et une invitation à la découverte, les uns les autres. J'espère un jour pouvoir garder cette même ouverture d'esprit. Et ta plume a sa propre richesse, peut-être du fait des années, ou peut-être tout simplement par sa sincérité. La spontanéité et la sincérité ont une fraîcheur qui n'a pas d'âge pour être manifestée.
Par the-sympatosh le Mardi 28 août 2007 à 4:36
Je suis a 100 avec votre cause (desole il y a comme une barriere, j'ai du mal a tutoyer, je n'ai que 18 ans, mais je ne pense pas que ce soit l'important)!!!! j'adore ce cote artistique de votre blog, notament l'ecriture. J'essaie de m'y mettre aussi car j'ai quelques idees (vous pourriez voir ca dans la rubrique "Creation" de mon blog) mais j'ai plus l'habitude d'ecrire des textes pour la scene (oui car je suis humouriste a mes heures perdues!).
Enfin tout cela pour vous souhaiter de toujours continuer dans cette voie ;)
Merci

(desole pour les fautes d'orthographe, je suis actuellement au Canada donc les claviers sont differents!)
Par Compation le Jeudi 17 janvier 2008 à 1:51
60 ans, déja? Ca fait plaisire de savoir que dans la "case" où on a mis tout les "jeuns" ya des gens qui sont curieu et adirative et qu'on est pas de simple "ado" Je vois pas pourquoi on devrai vouvoyer les gens plus agé, je ne vouvoi que les gens que je n'aime pas. Et mes prof de lycée nous interdisai de les vouvoyer, c'estai plus simple pour les relations et pour l'autorité, car sa n'etai pas de simple "prof" mais des gens simpa, du coup.
Par lagrandemymy le Jeudi 6 mars 2008 à 19:24
J'étais passée à côté de cet article... Et je veux maintenant te dire merci pour tous les gens de cowblog qui aimeraient se retrouver dans ces plumes dont tu parles : c'est une source de motivation intarissable.
Par QUEENDIES le Jeudi 8 mai 2008 à 17:42
La magie du net,aussi, c'est de voir le commentaire que j'ai laissé ici il y a presque deux ans, encore nombrilique... Si on le veut, rien ne s'efface, rien ne se perd. J'ai l'impression que ce n'était pas moi.
Par lancien le Samedi 12 juin 2010 à 8:34
Je suis venu lire quelques articles. Je ne pensais pas mettre de commentaires, mais je vais toujours au début d'un blog et ce texte m'a interpellé.
Moi j'ai 78 ans et j'ai commencé mes blogs il y a six ans, à la suite d'une tentative de suicide d'un de mes petits enfants.
Je suis en partie d'accord : on n'est pas plus avancé âgé que quand on avait 15 ans, malgré tout ce qu'on a appris et vécu. Et heureusement sinon la vie ne vaudrait pas la peine d'être vécue.
Mais on a un avantage : on voit la vie autrement. Alors on peut faire partager cette vision, ce que l’on a acquit; ils en feront ce que bon leur semblera, mais on leur permet parfois de voir leur étoile lointaine et de jouer ainsi le rôle de l’alchimiste de Paul Coehlo ou celle d’un vieux grand père qui a appris à faire des grimaces de vieux singe.
Un blog est comme la vie, il apporte des peines, des joies, des amis, des oublis, des questionnements, mais aussi, il fait un peu partager la vie des autres et ce qu’il reste comme souvenir au bout de quelques années c’est celui de nombreuses amitiés, de jeunes et de moins jeunes.
J’ai lu certains de vos articles. Nous avons certaines réactions analogues, mais vous semblez un expert en lettres alors que moi, ayant choisi une filière scientifique, j’ai une culture limitée dans le domaine littéraire. Je le regrette souvent, mais il faudrait pouvoir vivre plusieurs vies pour faire tout ce que l’on souhaiterait.
Par lancien le Mardi 15 juin 2010 à 15:16
Merci de ton commentaire.
J'avais été sur ton blog par hasard grâce à un lien sur celui de Maud96 que je fréquente régulièrement depuis longtemps.
Je n'ai pas tout lu faute de temps, mais j'ai lu quelques articles et je reviendrai lire les autres
J'ai lu surtout les textes de Barnabé qui m'ont passionné.
J'aimerais savoir écrire comme toi, de façon si limpide, si fluide avec à la fois poésie, réalisme et parfois une pointe d'humour et cette observation fine de la nature humaine.
Mais je lis quelques blogs de jeunes qui sont aussi remarquablement écrits, mais évidemment avec moins d'expérience de l'humain.
Je ne suis pas doué et de plus j'ai une formation scientifique. Alors je sais expliquer mais pas écrire et puis ma motivation de départ était un drame familial et la détresse de jeunes amis de mes petits enfants.
Mais comme toi, je me suis demandé ce que je venais faire sur un blog (c'était à l'époque Tchatcheblog, mais je préfère Cow) et j'étais persuadé que les jeunes me prendraient pour un "vieux con". Et puis j'ai été étonné d'être presque adopté et j'ai eu peu à peu beaucoup d'échanges et même quelques amis et finalement ce blog et ses lecteurs auxquels je n'ai malheureusement pas assez de temps à consacrer, est presque devenu un prolongement de ma famille.
C'est pour cela que j'avais réagi à ton article parce que par moment on se sent presque aussi jeune que nos lecteurs et j' oublie un peu que le temps a beaucoup passé depuis mon enfance.
Je répondrai aussi à ton commentaire du "café" qui m'a étonné car y étant allé par hasard, je ne savais pas que cela avait un lien avec toi.
Je m'étonne moins puisque tu me dis que tu est professeur de lettres ou de philo probablement pour avoir une telle pratique de l'écriture.
J'ai beaucoup admiré mon prof de philo autrefois (il y a 73 ans !!) qui m'avait permis de suivre ses cours à la fois de math-élem et de psycho en classe de philo et qui, paradoxalement m'avait donné le goût des sciences grâce à la rigueur de son esprit et à l'analyse des idées philosophiques passionnante qu'il nous faisait.
Il nous avait donné le goût de lire et de nous approprier ces idées, de côtoyer les maîtres, comme tu le dis si bien.
Par lancien le Vendredi 18 juin 2010 à 18:31
“Je voulais te demander de m’excuser pour mon commentaire sur le “café Babel”, qui était un peu déplacé mais qui voulait être un compliment.
Je suis tombé par hasard par un lien sur ce blog et je n’en connaissais pas les implications, et au départ j’ai cru que Pelote dont je connais le blog était l’un des membres actifs et j’étais un peu étonné par le niveau des réflexions qui y figuraient.
J’avais lu l’article sur “la psychanalyse n’est pas une science” et puis j’avais feuilleté les articles sur Freud et sur Kant. J’aurais aimé une suite à celui de Nietzsche.
Je m’étais dit qu’il faudrait que je revienne lire et que pour une fois, les articles sur Freud n’étaient pas écrits par un psy ou un professeur de psychologie thérapeutique, comme malheureusement la plupart de ceux que j’ai eus entre les mains.
Alors j’ai juste eu envie de dire que j’appréciais l’existence de ce qui était pour moi une sorte d’enseignement.
J’ai eu une phrase malheureuse sur la psychanalyse.
En fait ce n’est pas tellement la psychanalyse qui ne me plaît pas, mais l’usage qu’en font les psys (en général non médecins) sur des jeunes et moins jeunes, qui ne sont pas des malades mentaux mais des gens dits “normaux” (la norme n’existant évidemment pas) et qui ont des problèmes plus ou moins stressants, mais qui sont le plus souvent très actuels et concrets, avec bien sûr des répercussions psychologiques.
Pour Freud, je le considère comme quelqu’un de génial mais je n’ai assimilé q’une partie de ses idées et par psys interposés (essentiellement des cours de fac de médecine et de psychologie). Mais certaines notions apparaissent aujourd’hui différentes du fait d’une meilleure connaissance en neurophysiologie.
Mais ce n’est pas le propos de ce blog qui comme tu le définis, a une vocation philosophique.
Au plan de la compréhension du fonctionnement du psychisme, les progrès énormes en 20 ans de cette science et de la neuropsychologie apportent beaucoup, mais au niveau élémentaire, et pas encore à celui du comportement qui est trop compliqué parce que mettant en jeu le cerveau tout entier.
Au niveau pratique (et absolument pas philosophique, je n’en serais pas capable), j’ai aussi apprécié dans ce domaine certains écrits de Jung contemporains de ceux de Freud, et notamment son livre sur les types psychologiques.
Sois certain qu’il n’y avait aucune critique dans mon propos et je considérais au contraire que pour moi, ce blog était un peu comme un cours qui prolongerait les quelques pages que j’ai pu lire dans ce domaine.
Je préfère mettre ce commentaire sur ton blog personnel et sur cet article ancien, car sur café babel, il serait à nouveau un peu déplacé”
Par monochrome.dream le Samedi 2 octobre 2010 à 2:27
J'ai toujours admiré ta façon de porter tes soixante ans, avec amitié. De t'adresser aux gens sans trace de ces airs dont l'expérience marque les gestuelles et les visages qui prennent de l'âge. Du moins, dans l'écriture, c'est ainsi que je te perçois. Avec la voix c'est différent, avec le visage aussi, je sens tout un bagage derrière toi, qui m'intimide un peu, et ma timidité parfois vient peut-être en partie de là : comme si tu avais une valise de pouvoirs et de connaissances à tes pieds mais que tu refusais d'en faire une défense ou une arme. Peu sont ainsi. Tu m'impressionnes.
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