Cet après-midi, alors que j'étais au boulot, j'ai envoyé un de mes avatars faire la sieste sous un arbre. C'est très pratique. Pendant que je tapais à la machine, il envoyait ses impression directement dans ma cervelle. En fermant les yeux je pouvais voir les feuilles bouger ; entre les branches passaient quelques nuages retardataires qui peinaient à rattraper les orages de ce matin.
…
Bon. Maintenant il va être l'heure de rentrer, et mon avatar n'est toujours pas revenu. Il m'envoie toujours des images, le salopard, mais c'est uniquement pour me faire enrager. Il me nargue depuis une terrasse, il se présente à tout le monde, en donnant mon nom évidemment, et se commande des glaces à trois étages alors qu'il n'a pas un sou sur lui. Et il le sait, le salopard !
…
Le bureau est fermé, les collègues sont rentrés et moi, je reste à l'attendre sur la première marche de l'escalier, sous un néon blafard. (Tous les néons sont blafards.) C'est qu'un avatar ne retrouve son identité originelle qu'à l'endroit où il s'en est séparé. Et n'imaginez pas, surtout, qu'on puisse l'abandonner dans la nature. S'il ne me retrouve pas (et je sens que cela ne va pas tarder), il s'affolera, se mettra à hurler n'importe quoi, cassera de la vaisselle, bottera les fesses des passants et finira en taule. (Sous quelle identité, à votre avis ?) Et ce n'est pas tout. S'il commence à s'exciter dans sa cellule, il va enfler émotionnellement en me pompant toute mon énergie. Et pour finir, il m'aspirera jusqu'à lui. Pflouitch ! Devinez où !
que-vent-emporte
Fou qui trouve assez bleu l'azur
Lundi 11 septembre 2006 à 19:01
Commentaires
Par le Lundi 11 septembre 2006 à 22:20
amusant, cette idée d'avatar. J'essayerai demain matin en cours de français^^ (oui oui je vais faire attention à pas le perdre ! ;-) )
Par le Mardi 12 septembre 2006 à 20:01
Pas mal ! cet avatar, petit ludion de nos pensées, qui irait faire l'école buissionnière et prendre l'air dans les chemins interdits...çà me plait ! Un blog trop "authentique" risque de se rendre prisonnier de lui-même....
Mais après tout, on peut se prétendre, avec la répartition en "catégories", comme dans certains jeux de rôles, de créer, sur le même blog, plusieurs avatars, sorte de fous du roi qui énonceraient le contraire du discours officiel du roi de blog, ou le dénonceraient.... Idée à creuser...
Merci du com : venu de la mère-patrie, ils ont plus de saveur, les coms !
Mais après tout, on peut se prétendre, avec la répartition en "catégories", comme dans certains jeux de rôles, de créer, sur le même blog, plusieurs avatars, sorte de fous du roi qui énonceraient le contraire du discours officiel du roi de blog, ou le dénonceraient.... Idée à creuser...
Merci du com : venu de la mère-patrie, ils ont plus de saveur, les coms !
Par le Vendredi 3 novembre 2006 à 23:27
Merci pour le compliment.
J'aime beaucoup ton blog.
Les textes sont tellement beaux.
Merci.
J'aime beaucoup ton blog.
Les textes sont tellement beaux.
Merci.
Par le Samedi 11 novembre 2006 à 22:23
Se méfier des avatars...ça commence toujours bien, et puis ça tourne au vinaigre ! :$
Par le Mercredi 8 août 2007 à 15:13
Les trois dernières lignes sont particulièrement percutantes. Ou peut-être simplement frappent-elles à une porte familière.
Par le Mercredi 13 octobre 2010 à 22:26
Comment s'en sort-on, avec un tel texte ?
Au départ, je me dis : l'avatar est une bonne excuse, c'est une absence dans la présence. On le désire, le projette où l'on souhaite, il fait office de rêve cristallisé en soi pour le meilleur, évidemment. Un peu comme ces rêveries où l'on se réfugie...
Et puis, l'excuse devient une faute. Le train-train quotidien se brise, on a du mal à regagner la surface et c'est la vie réelle qui en pâtit, tout nous retombe dessus. Peut-être le prix à payer pour les plus osés, les plus merveilleux songes ?
A trop regarder les étoiles, on finit toujours dans le puits.
Au départ, je me dis : l'avatar est une bonne excuse, c'est une absence dans la présence. On le désire, le projette où l'on souhaite, il fait office de rêve cristallisé en soi pour le meilleur, évidemment. Un peu comme ces rêveries où l'on se réfugie...
Et puis, l'excuse devient une faute. Le train-train quotidien se brise, on a du mal à regagner la surface et c'est la vie réelle qui en pâtit, tout nous retombe dessus. Peut-être le prix à payer pour les plus osés, les plus merveilleux songes ?
A trop regarder les étoiles, on finit toujours dans le puits.
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