Mercredi 19 décembre 2007 à 12:11

Pour faire écho au bel article que Plaiethore a consacré à Zouc, quelques mots d'elle, extraits de Zouc par Zouc, entretien avec Hervé Guibert, Gallimard.




Je ne me suis jamais résolue à ne pas voir ce que d'autres yeux peuvent voir.

Je voulais voir la vie par mes yeux, aller moi-même dans la vie et voir moi-même d'abord. C'est pour ça que je me suis retrouvée à seize ans complètement ignarde, toujours la plus vilaine et la plus bête. Mais je sentais le danger de s'imbiber d'idées qu'on n'a pas ressenties. Et j'avais un secret qu'on ne pouvait pas me prendre : je connaissais ce qu'il y avait derrière les apparences chez les gens.

Tout ce que je vis, un événement, un regard ou simplement la vue d'une femme dans un train qui mange un biscuit, je le reçois dans la peau, ça me remplit de bonheur, d'horreur ou de dégoût, ou je ne comprends rien et je me pose mille questions, et immédiatement j'ai besoin de le partager.

Quand je cause avec autrui, je suis l'autre, je ne vois que l'autre. c'est pour ça que j'ai un problème avec la solitude : quand je suis seule, j'ai tendance à aller de temps en temps devant le miroir pour voir qui est avec moi.

A force de ma traîner dans les hôpitaux et les asiles psychiatriques, d'écouter parler les médecins et les malades, j'ai très vite réussi à dresser mon état clinique. Je ne suis quand même pas qu'une obèse qui a besoin d'être aimée. La réaction d'une partie des spectateurs m'a révélé une chose dont je me doutais vaguement, qui est une force lointaine violente, qu'on appelle hystérie. Les hystériques se reniflent très vite, il y a des codes inconscients qui passent par le corps.

La phrase la plus comique pour moi, c'est quand les gens me demandent :
« Mais, au fond, Zouc, c'est qui ? », et qu'ils ajoutent : « Quand est-ce que vous jouez et quand est-ce que vous ne jouez pas ? » C'est charmant, parce que dans la vie, je joue avec la vie et, sur scène, je montre la vie. Il y a une nuance.


… et après avoir aimé l'image,  ce qui m'a intéressée était de voir comment on faisait voir.
Après plusieurs années de pose, je me détestais toujours dans le miroir, et j'adorais ma tête vue par le peintre. Un beau jour je me suis dit : Si lui me voit vraiment comme ça, c'est le principal. Quand maintenant je pense à mon image, je me vois d'après sa peinture.



Photographies www.zouc.org

Par Plaiethore le Jeudi 20 décembre 2007 à 9:57
Si mon article est un bel article, alors, alors comment qualifier le tien.
La surprise pour moi dans cette "histoire" est de constater le vif intérêt que Zouc suscite toujours.
"Zouc par Zouc" est également le titre d'une pièce de théâtre qui va se jouer dans ma ville en janvier ; C'est Nathalie Baye qui prendra le rôle de Zouc racontant sa vie.
J'avoue que je n'apprécie pas vraiment cette actrice et suis extrêmement sceptique sur ma réceptivité. Je réfléchis encore, à savoir si oui ou non je me prendrai siège...

Je vais faire écho à ton écho ; ce serait dommage que l'on loupe de si belles paroles.
Salut l'ami Jean.
Par monochrome.dream le Jeudi 20 décembre 2007 à 11:46
Tu avais raison : il y a quelque chose de plus qu'une humoriste, chez elle.
De lire les gens, ça fait qu'on s'y attache et qu'on ne les voit plus comme ce qu'ils laissent paraître d'eux. Quelques lignes suffisent parfois. Là elles auront suffit à me faire oublier que son accent n'est pas juste drôle, mais aussi empreint d'une profonde sensibilité.
Par Le-VIOC le Vendredi 21 décembre 2007 à 0:11
comme quoi on peut se voir autrement selon la vision de l'autre.
Par maud96 le Vendredi 21 décembre 2007 à 12:19
Je la découvre, Zouc (ignare culturelle que je suis... merci aux 2, Plaiethore et toi). Vu la vidéo sur la fourmi, et le "téléphone"... çà décrasse le regard !
Par °Juliette° le Vendredi 21 décembre 2007 à 20:43
Elle ressemble à Barnabé...

Vous trouvez pas?
Par suspendue le Jeudi 27 décembre 2007 à 20:15
J'étais censée aller voir zouc par zouc par Nathalie baye sauf qu'elle a tout annulé pour cause de déprime, je suis triste.
Par monochrome.dream le Samedi 29 mars 2008 à 11:01
Une femme, ensuite. Une vraie, forte, splendide sous l'apparence du parfait déboussolement. Elle nous a parlé par extraits. En la lisant, on l'aurait presqu'entendue. En tout cas ça parlait fort en nous.
 

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