Mercredi 15 novembre 2006 à 9:37


Le charme agissait encore, mais Blaise le savait fragile. Voulant à tout prix éviter les allusions ou les questions des vieillards, il prit les devants :
- Des fiançailles, vraiment ? Curieuses fiançailles ! Et quand le mariage aura-t-il lieu ?
Les vieillards n'hésitèrent pas une seconde :
- Cette nuit, à quatre heures du matin.
Blaise crut à une plaisanterie.
- Cette nuit ? A une heure pareille ? Mais ce n'est pas possible. Et d'ailleurs, le fiancé n'est même pas là !
- Mais bien sûr qu'il est là.
- Alors montrez-le-moi !
- C'est vous !
Cette réponse le tétanisa. Dans quelle embrouille était-il en train de basculer, si ce n'était déjà fait ?
- Impossible ! Moi-même, il y a deux heures, je ne savais pas que je viendrais ici.
- Vous non, mais elle, elle le savait.
- C'est de la folie et puis je ne connais même pas son nom !
- Comment ? Vous ne l'avez pas deviné ?
- Deviné ?
- C'est la Mort.

Terminé


Mercredi 15 novembre 2006 à 9:17























Mardi 14 novembre 2006 à 20:09


La nuit enveloppait complètement le petit îlot de lumière ; la musique avait investi tout l'espace ; les danses s'enchaînaient. Blaise était subjugué ; il n'aspirait qu'à se fondre dans le rythme qui s'accélérait. Il ne sentait plus la fatigue. Soudain, un petit pincement dans sa poitrine cassa son élan, une fraction de seconde. Il se reprit, serra les dents et rassembla ses forces… mais la jeune fille ferma les yeux, baissa la tête et se détacha de lui.
Elle fit un signe à l'accordéoniste, la musique cessa instantanément; quelques notes suspendues se perdirent dans le feuillage.
« Attendez, dit-elle. Ne soyez pas si pressé, je vous en prie. Le moment n'est pas venu. »
Blaise se ressaisit. La jeune femme lui sourit, et lui prit le bras. « Il vaut mieux que nous retournions à nos places ! »
Blaise la reconduisit à sa table et retrouva sa chaise auprès des trois vieillards.
L'accordéoniste se fit servir un verre.



Lundi 13 novembre 2006 à 23:46


La jeune femme parut sortir d'un rêve ; elle tourna la tête et sourit à Blaise. Puis elle se leva. « Allons-y ! » dit-elle. Blaise était complètement déconcerté. Ils rejoignirent la piste de danse.
L'accordéoniste les salua de la tête et entama une nouveau morceau.
Blaise se savait balourd et son émotion le rendait plus gauche encore. Il fit de son mieux. Mais la jeune femme ne semblait pas remarquer ses maladresses. Elle regardait Blaise droit dans les yeux et souriait. Elle semblait à la fois ravie et concentrée. Blaise se perdait dans ce visage tout proche et surtout dans ce regard qui semblait s'ouvrir sur un autre monde. Il reprit confiance ; en quelques instant, il oublia complètement qui il était, se sentit libéré de son corps vieillissant et lourd. Elle conduisait ses mouvements, il saisit le rythme et s'abandonna entièrement à cet instant de bonheur intense et inattendu


Dimanche 12 novembre 2006 à 18:51


L'atmosphère était certes un peu étrange, mais Blaise se sentait bien. Un peu plus fatigué peut-être qu'à l'ordinaire. Il avait l'impression d'être sur le point de découvrir en ce lieu quelque chose d'essentiel qu'il cherchait depuis toujours. Et ailleurs, personne ne l'attendait.

L'accordéoniste se remit à jouer. Des jeunes gens se levèrent, se trouvèrent des cavalières, et se commencèrent à danser. Une valse ! Etait-ce possible ?
La nuit était tombée, mais l'ombre était lumineuse. Ne restaient à leurs tables que les plus vieux. Les enfants s'étaient regroupés dans un coin et chuchotaient. Un vieillard se pencha vers Blaise et lui dit :
- Vous ne dansez pas ? Quel dommage !
- Moi, danser ? mais je suis vieux, je suis laid, je ne connais personne ici…
- Allons donc ! Vous avez exactement l'âge qui convient.  Et puis, cette jeune fille, là-bas, vous n'allez tout de même pas la laisser seule ?
Il lui désignait la fiancée.
- Vous plaisantez !
- Mais non, mais non.
Et d'une autre table, à l'opposé, qu'un autre vieillard lui lança :
- Monsieur, allez danser, s'il vous plaît.
Et de tous côtés on insistait.
Il se leva troublé, un peu affolé, se dirigea vers la jeune fille, sûr d'être parfaitement ridicule. Parvenu à sa table, il hésita un instant puis se lança. Il lui demanda, un peu niais :
- Mademoiselle, m'accorderez-vous cette danse ?


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