Dimanche 11 février 2007 à 16:46



Jeudi 8 février 2007 à 0:17


Dans ma tête bien souvent, ça ne pense pas, ça crie, ça aboie, ça mord, ça chahute. Mes pensée (appelons ça des pensées) sont comme les chiens d'une meute au chenil. En apparence, c'est un terrible désordre ; moi-même, je m'y retrouve avec peine. Pourtant, ces chiens obéissent entre eux à une hiérarchie rigoureuse et, ensemble, ils forment bel et bien une meute prête à se concentrer tout entière sur une proie, une seule, pourvu qu'on la lui désigne, ce qui n'arrive pas si souvent, hélas ! 

L'autre jour, une de ces pensée un peu folle, hâtivement sevrée, s'est échappée et s'est mise à courir bruyamment par la ville. J'étais bien incapable de savoir ce qui en résulterait. Eh bien, elle m'est revenue triomphante tenant en sa gueule un beau chapelet de solides commentaires.

Alors, puisque c'est comme ça, on continue !

Il sera donc question de poésie ?


Assurément : de la poésie, de son sens, de sa manière. Mais pas d'emblée, parce qu'à mes yeux la poésie, si importante soit-elle, reste entièrement subordonnée à la vie, dont elle procède, à laquelle elle doit tout, dont elle n'est que l'expression la plus intense et, quoi qu'on puisse en dire, la plus lucide. Je m'inscris donc en faux contre toute tentative d'isoler la poésie, d'en faire un refuge contre la vie, une alternative, une échappatoire. Vous me direz que ce n'est qu'une opinion et qu'on s'en affranchit bien facilement. Peut-être, mais cette opinion, je l'assume entièrement : la poésie qui ne procède pas d'une pleine présence au monde et d'une conscience suraiguë du réel n'est qu'un faux-semblant.
Et même, dire « la vie », c'est encore bien trop vague. Point de vie qui ne soit insérée dans l'histoire, liée à un ensemble de circonstance, à un complexe de représentations, à une vision de l'avenir.

Et c'est là qu'il y a beaucoup à dire, c'est de là que je partirai.
Il me paraît évident que notre civilisation, cette manière de penser l'humanité qui nous est propre, touche à sa fin. L'effondrement est proche ; il sera probablement rapide et brutal. Il prendra tout le monde au dépourvu, et pourtant, plus tard – en admettant qu'il y ait un « plus tard » -, on s'exclamera : c'était si évident ! Si nous ne l'avons pas prévu, c'est que nous ne voulions pas le prévoir.

Selon toutes les apparences, c'est maintenant la fin de la grande utopie technicienne, selon laquelle le développement sans limite des forces productives induirait un mouvement de civilisation et de progrès, garantissant à tous les hommes la prospérité et la liberté dans l'esprit des Lumières. Nous en sommes à peu près certains aujourd'hui : cette belle utopie ne se réalisera jamais. La prospérité, la liberté, l'espérance d'une vie pleinement humaine ne seront jamais ensemble et pour tous au rendez-vous.
Mais surtout, il faudrait un miracle – une découverte scientifique extraordinaire -  pour que cette épopée technicienne redevienne simplement compatible avec les ressources de notre planète. Miser là-dessus, en l'état actuel des choses, c'est s'en remettre à une croyance et non plus à une prévision réaliste, ce qui nous met en contradiction avec la logique même de la civilisation que l'on prétend sauver. Alors, de deux choses l'une : ou bien l'humanité s'éteindra purement et simplement, ou bien son histoire prendra une nouvelle direction dont les caractéristiques nous échappent complètement aujourd'hui. En tout état de cause, ce moment critique, dont témoigne d'ores et déjà l'évolution précipitée du langage et de nos représentations (j'y reviendrai), nous contraint à repenser la vie et donc la poésie dans sa définition même.


Samedi 3 février 2007 à 15:15


N'appelle pas à la rescousse ces mots désormais vides de sens
comme village, chemin creux ou paix du soir, qui ne sont plus ni d'ici ni de maintenant.
Mots d'enfance, accessoires trop jolis d'une enfance rêvée qui n'a jamais eu lieu.

Le nostalgique n'est pas ta langue, ni le retour aux origines.

Renonce à dire je me souviens, même si tu te souviens.
Renonce à  dire je regrette, même si tu regrettes.
Renonce à dire c'était mieux avant, même si c'était mieux avant.
Ne capitule pas devant le présent même s'il nous tient, le couteau sous la gorge.
Car demain qui s'annonce dans un fracas de moteurs, nous portera encore plus loin, bien loin de ces enfantillages.

Pour les mots, admets banlieue, béton, autoroute, parce que tu as le nez dessus, et bagnole, béton, télé, tournante, couvre-feu, canicule.
Vois ce qu'on peut encore faire avec quelques grands incertains comme amour, volonté, pouvoir, quelques grands impossibles comme bonheur ou progrès, et fais l'impasse sur ceux qui sont déjà tombés, comme innocence ou humanité.
Et si l'on ne peut plus tirer de ça la moindre poésie, soit ! Qu'il n'y ait plus de poésie !
Je renoncerais bien volontiers à la poésie pour un euro d'espérance,
pour dix centimes d'avenir.


Jeudi 1er février 2007 à 16:18




                                                             C'est vrai, j'aime beaucoup les arbres.

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