Vendredi 7 septembre 2007 à 19:39



Cet après-midi, j'ai acheté un livre*. Il commence par ces mots :


« Lire, c'est laisser rêver un texte. Des images insolites, des thèmes insistants alors émergent dont on ne saura jamais à qui ils appartiennent vraiment, à l'auteur ou au lecteur. Peu importe, puisque l'on est devenu le sujet du rêve. »

Il me faudra du temps pour épuiser le sens de ces trois phrases. Si le reste de l'ouvrage tient la promesse de cet éblouissant début, les deux jours qui viennent seront à marquer d'une pierre blanche.
Je vous tiens au courant.

*Max Dorra, La Syncope de Champollion, Connaissance de l'inconscient, Gallimard

Jeudi 6 septembre 2007 à 23:49



Jeudi 6 septembre 2007 à 15:16


- On croit que le monde existe tel qu'on le voit. Que c'est donc tout simple. Tout le monde croit cela. La science repose sur cette croyance et, apparemment, ça marche.
- Eh bien, puisque ça marche, ce n'est pas une croyance, c'est la réalité. Alors ne coupe pas les cheveux en quatre. Fiche-moi la paix avec tes conneries!
- Donc, si c'est si simple, tu es donc prêt à admettre que tu es exactement tel que je te vois ? Alors, là, je te plains ! Et si, toi, tu te vois exactement comme je te vois, alors je te plains encore plus !
- Tu peux pinailler tant que tu veux, mais reste poli ! Tu ne peux pas me voir comme moi, je me vois, parce que mes yeux, ils sont à l'intérieur de moi, que je vois avec, ce qui fait que, eux, je ne peux pas les voir. Et à cause de ça, je vois très mal mon nez, pas du tout ma bouche, ni mes oreilles, ni mon dos ni mon derrière, et je m'en fous. Tout ça c'est simplement parce que c'est moi. Tout le monde sait ça. Et de toute façon, si je ne vois pas mon derrière, je sais une quantité de chose sur moi que tu  n'imagines pas et que je ne te dirai jamais. Tu ne peux voir que mon corps. Et même, tu ne le vois pas vraiment, mon corps, parce que je suis habillé. Tu ne sais pas comment je suis sous mes habits, tandis que moi, oui. Et toc !
- Oh ! tu peux garder ça pour toi, sans façon ! Pour ce qui est de toi et de moi, tu as peut-être raison. L'exemple était mal choisi. Mais tu comprendras mieux avec une personne qui ne soit ni toi ni moi. Regarde, à la terrasse du café, de l'autre côté de la rue : la jeune fille.
- Je la vois, on dirait Gertrude.
- C'est Gertrude, sans aucun doute. Alors, ça nous fait combien de Gertrude ?
- Pardon ?
- Tu crois qu'il n'y en a qu'une, mais pour nous qui discutons de Gertrude, il y en a deux : celle que tu vois et celle que je vois.
- C'est malin ! Comme ça, elle ne s'ennuie jamais, Gertrude. La tienne peut bavarder avec la mienne. En plus, je suis sûr que c'est de nous qu'elles parlent toutes les deux.
- Arrête de déconner. Nous savons, toi et moi que nous voyons chacun une Gertrude. Le constat tient en une toute petite phrase; mais la phrase ne nous dit pas si nous voyons voyons exactement la même chose, ni quel contenu mental nous plaçons sous ce nom de Gertrude.
- Gertrude ? un contenu mental ?
- Non, mais je rêve ! Tu n'as pas honte ?
- Pas du tout, mais ça ne fait rien. Continue, mais parle un peu moins fort, elle s'est retournée.
- Elle va nous voir.
- Elle nous a vus.
- Et merde ! ce n'est même pas Gertrude !


Lundi 3 septembre 2007 à 17:02


On répétait en boucle autour de lui : droits de l'homme, respect humain, action humanitaire !

Alors il se disait… je suis un être humain, j'ai des droits, je suis respectable, je mérite qu'on fasse quelque chose pour moi…
Et il voyait bien que cela n'avait pas de sens.
Il ne pouvait tout de même pas aborder les passants dans la rue en leur disant : Je suis un être humain, parce que les autres lui répondraient simplement « Et alors ? »
Pour être reconnu, il aurait fallu autre chose : frapper, violer, voler, lancer des bombes  par exemple, ou inspirer de la pitié. Manque de pot, il était timide ; et s'il était effectivement pitoyable, il était surtout moche et sale.
Il était un être humain, mais juste cela, strictement, rien de plus.
Cette qualité pourrait avoir un sens parmi les vaches, les moutons ou même les lions, à condition que les vaches, les moutons ou les lions fussent capable de comprendre… Mais que devient l'humanité en général dans la grande cohue des humains en chair et en os ? Peut-on s'intéresser à quelqu'un d'inintéressant sous le seul prétexte qu'il est humain ?
Accordée à tous, ne coûtant rien, puisqu'elle n'est contestée à personne, la belle humanité ne vaut pas un pet de lapin.
Faudra trouver autre chose.


Dimanche 2 septembre 2007 à 17:21


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