Mercredi 8 novembre 2006 à 11:29



Vraiment, vous ne connaissez pas Plonk ? ni Replonk ?

Allez voir ici.
Je vous recommande les cartes postales.

Au retour, n'oubliez pas de visiter Fricheule-La-Belle.

L'image « http://www.plonkreplonk.ch/html/cartes/grandes_cartes/183.jpeg » ne peut être affichée, car elle contient des erreurs.


Mardi 7 novembre 2006 à 17:44


Voici donc l'origine de la poésie : la joie de révéler, au sein d'un monde, ce qui est hors de lui et de réaliser ainsi la tendance originelle de notre être.
Novalis
Heinrich von Ofterdingen

Mardi 7 novembre 2006 à 17:35


En hommage à une superbe plume
de 8 ou de 100 ans (c'est selon),
pour la remercier
de m'avoir pris dans ses liens.


Métaphorique, la littérature. C'est en cela qu'elle se distingue radicalement de tout discours régi par la rigueur démonstrative.
Certes, la science et les techniques bouleversent l'ordre du monde et changent certains aspects de la vie ; tout cela, oui, mais rien de plus. Certes, la philosophie dresse l'état des questions indécidables ;  mais elle s'arrête prudemment au seuil du délire. Certes, la religion fait le saut, affirme des réponses, propose un destin, mais ses dogmes ne sauraient satisfaire sans autre un esprit libre (même profondément religieux).
La question de l'expérience de soi, du sens que nous pouvons lui donner reste donc entière, quoi qu'on y fasse.
Bien sûr, puisque la vie nous est donnée nous pouvons nous contenter de subir la loi du temps, de vivre sans penser, d'attendre que la dégradation de notre corps nous traîne à la mort par petites étapes ; mais nous pouvons aussi aspirer à quelque dignité et nous offrir le luxe d'un destin.
Mais tout cela relève de la part non objectivable du réel, et ne peut être pris en charge sur le mode géométrique. En cette matière, nous sommes donc contraints de dire : c'est comme si… , cela ressemble à … , je vais vous raconter une histoire qui dit la même chose…, d'où la métaphore.

Par exemple, j'ai besoin de penser, de croire qu'une Muse parle directement au poète sans passer ni par ses yeux ni par son oreille, qu'elle verse son filet de vérité à la source de la source, là où germent des mots n'ont pas encore pris forme. J'ai besoin de penser cela si je veux prendre la mesure d'une parole qui vaut plus que celle ou celui qui la porte.
Ce n'est point là une théorie démontrée de la création littéraire, mais seulement une tentative de rendre compte d'un processus qui a bien lieu, qui est vital, mais dont le fond nous échappe.
Je ne suis pas exigeant en matière de croyance. Peu m'importe que cette Muse soit de celles qui dansent la nuit autour des fontaines de l'Hélicon et saisissent l'âme des bergers pour en faire des poètes, ou simplement une part brûlante de nous-mêmes, plus profonde que tout ce que nous pourrons jamais savoir de nous-mêmes.

La littérature est par essence et tout entière métaphore, parce qu'elle produit des formes dans lesquelles nous pouvons nous situer, nous reconnaître, voire nous constituer dans le refus de ces formes ou l'affirmation d'autres formes.
C'est particulièrement vrai de la poésie, qui ne dit pas n'importe quoi, qui n'a rien à voir avec le souci de « faire joli ». Le poète s'efforce de dire les choses les plus difficiles à dire, les plus imperceptibles ou les plus proches de l'indicible, à la manière d'un malade qui essaie d'expliquer ce qu'il ressent, à ceci près que le poète n'est pas forcément malade (sauf à assimiler la condition humaine à une pathologie) et qu'il est un explicateur génial (c'est pour cela qu'il est poète).

Lisez Artaud, par exemple, ses écrits de 1947. A la première lecture, vous prendrez le textes dans la figure comme un immense coup de poing et vous aurez envie de tout laisser tomber ; pourtant, ne vous laissez pas faire, persévérez, et à la longue vous verrez surgir une vérité improbable mais brûlante, formulée en des termes dont la science ou même la philosophie n'ont que faire, parce qu'elle se situe bien au-delà de ce que peut maîtriser la science ou effleurer la philosophie : au cœur de l'expérience humaine. La lecture de ces texte provoque une secousse extraordinaire. Et la vérité, ici, est à chercher non pas dans les mots du texte, mais dans l'expérience de vie à laquelle sa lecture nous donne accès.


Mardi 7 novembre 2006 à 17:01


Blaise consulta sa montre, hésita une seconde car il se faisait tard, puis s'engagea sur le chemin. C'était d'ailleurs mieux qu'un chemin; la voie semblait carrossable et d'une facture plutôt soignée. Elle menait droit au fleuve. Blaise pensait savoir où. Un peu plus loin, en effet devait se trouver un groupe de trois ou quatre maisons construite à proximité d'un vieux moulin. A cet endroit, autrefois, un homme faisait passer le fleuve sur sa barque. Le chemin que Blaise suivait devait être celui qu'empruntaient les chars qui portaient le grain et revenaient ensuite avec la farine. Il y avait si longtemps de cela !

Il allait arriver à l'emplacement du moulin. Il pensait n'y trouver que des ruines broussailleuses et fut surpris de longer un verger, un jardin enclos et soigneusement entretenu, puis des bâtiments assez vieux mais nullement délabrés. Il avisa même une vieille pièce de cinq francs d'avant l'euro, égarée sur le chemin. Il la ramassa et la rangea dans sa poche.
Il parvint enfin à la hauteur d'une auberge, tout à fait inattendue. Sur la terrasse, justement, on donnait une fête. Les tables de fer avaient été rangées en fer à cheval sous la marronniers. Elles étaient toutes occupées. Juste à côté, une piste de danse : un accordéoniste jouait sur une petite estrade, quatre ou cinq couples dansaient, presque immobiles. De l'autre côté du chemin, le fleuve.  Une barque était amarrée. Tout de même pas celle du passeur ! Le fleuve était gris et paraissait froid.





Lundi 6 novembre 2006 à 17:08



Septembre, septembre sans brouillards, chaud, amical et superbe. L'été lançait un dernier cri avant de se dissoudre dans les fumées de l'automne.

Au déclin de l'après-midi, Blaise s'en allait d'un bon pas à travers la campagne. Tous les jours, depuis cinq ans, il marchait vigoureusement une heure ou deux par les bois, le long des champs, sur les berges du fleuve : astreinte quotidienne visant à restaurer peu à peu son cœur foudroyé. Puisant sa respiration dans le vent, il ne sentait plus passer les années, il marchait plus droit, plus vite, plus longtemps et joyeux. Mais surtout, il avait enfin découvert ce qu'il savait pourtant sans avoir réussi à le vivre jusque-là : le monde était beau, d'une beauté innocente et proche !
Ce jour-là, ivre de lumière et de silence, il avait porté ses pas un peu au-delà des limites ordinaires. Il suivait la route des hauts qui domine le fleuve, quand il aperçut sur sa droite un chemin empierré qui s'inclinait en direction la berge. Chemin inconnu, vieille route abandonnée, débarrassée de ses ronces, garnie de gros pavés ronds. Avait-elle toujours été là sans qu'il l'ait jamais remarquée ?


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