Samedi 12 juin 2010 à 14:48

Qui a fait ça !?

Si cette question provoque chez vous un frisson d'angoisse, vous savez déjà où je veux en venir.

Evidemment que c'est vous qui avez fait "ça". Bien sûr, vous n'avez pas fait exprès... enfin, si, mais vous ne pensiez pas que ça prendrait une telle ampleur...

Et vous vous défendez mollement : oui, je l'ai fait, mais "ça" ne me ressemble pas, vous le voyez bien, vous me connaissez... Tout de même, vous ne me croyez pas capable de...

Bah ! Ne vous fatiguez pas, il n'y a aucun doute, c'est bien vous ; sans vous "ça" ne serait pas arrivé. Il ne vous reste qu'à retourner votre embarras contre vous-même, à sonder vos propres motivations, à analyser soigneusement les circonstance : mais comment "ça" m'est-il venu ?

Oui, en effet, je voulais bien faire quelque chose, quelque chose qui soit bien de moi, qui me ressemble, qui fasse plaisir, qui ne dérange pas, qui ne me mette pas en cause, et voilà que je me retrouve avec "ça".

Va falloir faire avec, sauf que "ça" me dépasse complètement. Que voulez-vous... J'en ai accouché comme d'une sorte de monstre, cela m'a échappé c'est sorti de mon contrôle. Mais voilà, "ça" m'a définitivement marqué et maintenant, je ne suis plus que l'ombre de "ça".

Pas facile d'être un artiste !

Jeudi 10 juin 2010 à 18:34

Un jour, comme il voyageait, s'étant arrêté dans une ville qu'il croyait n'avoir jamais vue, Il eut la conviction d'y être déjà venu et d'accéder tout en marchant à un fragment oublié de sa propre mémoire. Les maisons conservaient un aspect inconnu, mais pourtant, quelque part en dessous, il réagissait à une trame sous-jacente. Et il se sentait guidé dans ses pas.

Aussitôt il conçut l'image d'une tonnelle ombrageant une terrasse en contrebas d'une rue, et il se rappela cinq minutes, cinq minutes banales en apparence : celles qu'il avait passées là-bas le temps de s'asseoir, d'échanger quelques paroles amicales, de commander deux verres d'épais vin blanc, de boire, de payer de repartir.

Il désira fortement revivre ces cinq minutes dont la clé venait de lui être restituée.

Il marcha assez longuement, tournant à droite, puis à gauche, suivant son inspiration, se sachant secrètement conduit, et il finit par arriver. Il éprouva aussitôt dans toute son intensité la surprise qu'il avait eue, quarante ans plus tôt de découvrir ce lieu si précieux dans un quartier si quelconque.

Cinq minutes de sa vie lui furent ainsi rendues ; des jours et des jours lui furent nécessaires ensuite pour en exprimer toute la substance.

 

 

Mercredi 21 octobre 2009 à 11:03

On ne lui avait donné qu'un tout petit prénom, comme si elle était appelée à n'être qu'une gentille petite, toute sa vie.
Insignifiante. On aurait pu tout aussi bien l'appeler "insignifiante", si cet adjectif pouvait faire un prénom.
Un prénom comme le nom d'un animal familier.
On t'aime bien, ça oui !, mais à condition que tu ne revendiques jamais pour toi une existence à part entière.
Va, petite, ton destin est scellé.

 

Mardi 20 octobre 2009 à 10:25


Et si tout ça n'avait été qu'une illusion ?

Et si la civilisation n'était qu'un château de glace que quelques degrés de réchauffement de l'air ambiant peut réduire en eau et disperser à travers le sol desséché ?

Une parenthèse.

Nous sommes des individus effarés, nous ne comprenons rien au destin de notre espèce. Nous croyons être propriétaires d'un morceau de pelouse et d'une petite maison dans la banlieue d'une grande ville, et puis en quelques semaines, en quelques jours, rien de tout cela n'a plus d'importance. Alors on reprend la route des premiers ancêtres, laissant tout derrière soi comme en plein désert l'on se détourne d'un puits sans eau.

Peut-être est-il dans la nature des hommes d'errer en troupeaux parmi les décombres de leurs rêves.

Réfugiés, naufragés, clandestins, vous n'êtes que les premiers.

Notre vraie culture est celle du désastre.


Dimanche 18 octobre 2009 à 18:52


Un homme qui entre la date de sa naissance et celle de sa mort aurait vécu, comment dire...  autre chose que la vie. Comme si derrière le décor de la vie, autre chose était possible.

Ne voulant pas de cette vie, il s'en est affranchi. Pourtant, il ne s'est pas donné la mort : il a écrit.

 


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