Dimanche 3 septembre 2006 à 22:38

A l'origine de l'écriture personnelle, il y a le double souci de conserver l'essentiel d'une émotion et de la transmettre. Quant à la lecture, elle consiste à faire éclore en soi une expérience intérieure dont le protocole vient d'ailleurs. Par l'écriture et la lecture, deux subjectivités communiquent.
Le fantasme de la télépathie est la transposition sur un mode délirant de l'expérience de la lecture, qui, elle, est accessible à tous.

Nous avons tous été déçus par des livres universellement célébrés, mais tous, nous avons été emportés par surprise, au hasard de lectures qui ne promettaient rien. C'est que le texte en lui-même est vide ; il ne contient pas lui-même l'émotion dont il procède et dont il conduit le renouvellement. Il est seulement la clé d'une expérience intérieure, qui, pour l'essentiel, dépend de nous.

Et nous avons besoin de cela parce notre univers intérieur s'étend à l'infini et contient de vastes zones inconnues, que nous ne pouvons aborder sans guide. L'exercice de la lecture nous met en présence de ces guides ; à leur insu, le plus souvent, ils nous conduisent à nous-mêmes.

La poésie est l'écriture la plus forte. Le poète sait se tenir à la source, si près qu'il saisit les mots avant même qu'ils ne livrent leur sens et peut les transmettre en  l'état, comme de fécondes énigmes. Lire de la poésie, c'est tenter soi-même l'approche de la source. La plupart du temps, on n'y comprend rien, mais parfois le miracle s'opère : un frisson, une bouffée de chaleur, nous informe qu'une porte est en train de s'ouvrir sur une partie de nous-même encore inconnue.


Jeudi 31 août 2006 à 20:10

Sur le chemin du retour, le mont Blanc m'est apparu.





Mercredi 30 août 2006 à 23:20


Qu'est-ce qu'on peut bien faire dans une communauté de blogueurs quand on affiche en gros quatre fois l'âge de la plupart des autres membres ? La question doit en titiller quelques-uns ; manque de pot, je ne suis pas en mesure de les éclairer car, je me la pose aussi.

Pourtant, découvrant la « blogosphère », atterrissant par hasard sur un site de Cow, j'ai compris deux choses : j'aurais mon blog et ce serait là.
La jeunesse de l'immense majorité des membres ne m'a pas échappé, mais cela me paraissait alors sans importance. Ce que je voyais surtout, c'était la très grande diversité des blogs, leur vigueur, leur sincérité et, beaucoup plus souvent que je ne pouvais l'imaginer, la qualité de leur écriture. De plus, les blogs fortement reliés entre eux sur Cow, interagissent continuellement et  donnent lieu à une création en réseau, que je trouve passionnante.
De leur côté, les blogs « adultes » me semblent trop professionnels ; trop souvent ils sont le fait de gens qui pensent avoir un avis à donner une compétence à faire valoir. Sur Cow, on trouve une écriture ouverte, qui découvre son chemin au fur et à mesure qu'elle avance, qui promet plus qu'elle ne démontre, parce qu'elle est recherche de soi, et c'est cela que j'aime. C'est aussi une écriture de l'émerveillement, une métamorphose poétique du quotidien, qui extrait de la banalité des jours tout ce qui peut faire sens. Bien sûr, tous les blogs de Cow ne se situent pas à ce niveau-là, mais j'en découvre presque tous les jours.

Je suis convaincu que les questions de l'adolescence sont les vraies questions de la vie, qu'elles ne trouvent jamais de réponse, qu'elles ne doivent pas en trouver. A soixante ans, si l'on est vraiment sincère, on doit admettre que sur le fond on n'est pas plus avancé qu'à seize, et c'est tant mieux. Bien sûr, la vie se charge de nous occuper, on est actif, on crée des choses, on se donne de l'importance, on trouve des causes à défendre, mais ce n'est qu'un jeu (la question n'étant que de choisir le plus beau jeu, celui qui donnera le plus de sens au temps qui passe). Les plus « heureux », ceux qui pensent être arrivés, ont seulement trouvé une manière efficace de repousser indéfiniment les échéances, de se distraire, de lâcher la proie pour l'ombre.

Je ne crois pas être capable d'écrire comme certains le font sur Cow. La plume est usée, la main trop lourde, la mémoire trop chargée d'erreurs corrigées, de pièges déjoués, de formules toutes faites. En revanche toute phrase neuve, toute parole vraie et, si souvent, la musique des mots, me donnent envie de rester, à l'écoute, ici et pas ailleurs.


Lundi 28 août 2006 à 15:57

A tous ceux qui pensent ne pas être des virtuoses du participe passé et que cela gêne !

L'orthographe française est affectée gravement et de manière chronique par une forme rampante de terrorisme.
Cet admirable instrument de clarté et de précision dans l'expression est détourné de ses fins par des gens peu éclairés qui en usent comme un moyen d'intimidation, et de discrimination. Ils en font le critère d'appartenance à une élite purement fantasmée et  parviennent aujourd'hui encore à culpabiliser la grande majorité des usagers légitimes du français et, partant, à limiter l'accès à une parole vraiment libre.

Ne nous laissons pas impressionner !

D'abord, refusons de nous laisser culpabiliser !
Et surtout, rétablissons l'orthographe dans sa fonction véritable, au service de notre propre souci de clarté et d'efficacité !

Qu'est-ce qu'une « faute » d'orthographe à l'intérieur d'un texte qu'on a la volonté et le désir d'écrire ? C'est ni plus ni moins qu'un particularisme d'expression, en d'autre termes un usage individuel (souvent très largement partagé), la manifestation d'une grammaire personnelle, distincte de la grammaire officielle, rien d'autre. Evidemment, une grammaire trop personnelle, ce n'est pas le meilleur atout pour être compris de tout le monde. On peut l'admettre à la rigueur pour commencer, mais il vaut mieux – dans ce domaine tout au moins – se mettre au diapason de ceux à qui l'on s'adresse.

Alors, assumons sans complexes nos erreurs  - nos particularismes - s'ils ne nous gênent pas: la seule chose qui compte vraiment, c'est de dire ce voulons dire ; mais ayons aussi le souci d'intégrer petit à petit, et à la seule condition d'en bien saisir la raison d'être et les mécanismes, les nuances qui nous permettrons d'être plus explicites, plus forts dans l'expression, ou simplement plus élégants.



Dimanche 27 août 2006 à 17:35



    J'espérais encore un peu d'été et je ne fus qu'à moitié déçu.
    Le flot des nuages remonte le cours du fleuve.
    La grappe : soleil froid.

                                 
                                       



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